8. Dédicace à Crapaud



      En forme de Dédicace à notre Exceptionnel Crapaud :
    le mystère de ce qui nous est familier.





A l’abri de l’accoutumance présumée, mettons-nous, par exemple, face au spectacle d’ensemble que nous offre de près un oiseau exotique donné, notre très familier Ara Ararauna par exemple. Nous trouvons a priori et comme presque sidérés, ce spectacle merveilleux, voire fabuleux ; cette chose nous paraît être d’une harmonie parfaite, nous l’attribuons au pouvoir magique de la Nature. Si nous décidons plus tard d’étudier progressivement dans le détail les attributs de cet oiseau, nous découvrirons toute une série de modes d’organisations de cet être-là mis en corrélation avec son environnement. Nous dédions donc à cet être devenu un objet d’étude, une organisation d’ensemble de type forcément logique qui, insensiblement fait de lui un animal familier. Du coup, nous pensons spontanément, l’accoutumance due à son contact répété aidant, qu’il a perdu de son mystère naturel précisément engendré par Mère Nature. Mais c’est finalement un piège tendu à nos sensations par l’Innommable Loi Cosmique, car, concernant « l’objet en question »  - très au-delà de nos approfondissements successifs et de l’accumulation d’informations de toute sorte -,  le mystère de ce en quoi il consiste réellement, demeure intact. Finalement, nous n’avons fait que repousser, parfois très loin, les limites du mystère qui entoure « cet oiseau exotique » devenu très familier, mais nous ne l’avons pas supprimé pour autant, ce mystère-là.

Pire, l’idée à peine voilée qui spontanément nous anime, celle en vertu de laquelle, grâce à des méthodes d’investigations plus fines ou plus élaborées, on saura, un jour, est fausse, puisque les nouvelles caractéristiques fixant momentanément la personnalité de notre Ara Ararauna auront balayé les anciennes, ce processus étant infini  par définition, selon un mouvement de substitution progressive, strate après strate, contraire à l’apparence cumulative des connaissances.

Upsilone repetita, le réel, concret, ici encore, nous a majestueusement échappé. Ici comme ailleurs, celui-ci reste un faseyement perpétuel, une sorte de miroitement insaisissable, une abstraction en finale.


                                                                                 Guy Paradoxe

                                                                                       Rédigé en 2012

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