Préambule situant les Ingrédients de l’Essai autant que les prémices d’une exégèse




          Sans ses annexes de formulation concrète, Automorphisme Permanent, dans son essentialité,  est un essai de facture très abstraite, rare et insolite par définition, d’essence éminemment paradoxale bien que Prioritairement Philosophique et surtout Métaphysique Sur Le Fond puisqu’en ayant pour thème « Le Réel De La Pensée Et Des Choses Du Monde, de leur Etre Même », il traite du but ultime de toute Philosophie qui est la quête de l’absolu, préoccupation essentielle et vocation noble, perdues de vue depuis une quarantaine d'années sous l'effet de la massification, par les dérives successives faites de considérations subalternes et de plus en plus procédurières ou terre-à-terre de pans entiers de la philosophie contemporaine et institutionnelle, et qui en plus, à force de vulgarisation effrénée de décade en décade, tend à devenir consumériste et appendiculaire d’une machinerie qui la dépasse.

          Cet ouvrage de 135 pages s’inscrit donc dans le domaine royal de l’Ontologie et plus précisément dans le Registre Ontique. Il est à plusieurs titres et selon le principe des poupées gigognes, paradoxal, mais, avant tout, il l’est en ce sens qu’il se situe ostensiblement à la lisière de cette tentaculaire discipline du point de vue de sa Forme Dialectique ou rhétorique dans sa version princière dépouillée des oripeaux péjoratifs, de sa structure argumentative, de ses façons mentales, mais aussi de ses apports périphériques.

          Automorphisme Permanent est une composition hors normes, qui refuse toute cosmologie serrée, se veut hors cadre institutionnel, inclassable comme telle, réticente par principe à l’archi-formatage érigé en sacerdoce ; elle est située à la marge des canons les plus académiques ou prestigieux, car, non seulement à la longue, la norme trop rigide associée au cartésianisme le plus étroit, inculque à l’esprit un conditionnement synonyme de préjugé ou de préformation, mais cette normativité outrancière, cette convenance à tout prix, cloisonne à tort les Catégories de l’Entendement Humain et les Concepts, en les posant comme des axiomes indéboulonnables formant le soubassement de courants de pensée incompatibles entre eux, fatalement soumis, du coup, à l’incomplétude et à la parcellisation brutes, cette gangrène contre laquelle précisément, les acteurs philosophes de profession sont sensés lutter, et par là même, soumis au manichéisme de la Critique-Exégète habituelle, épuisant ses différents claviers sur la ligne directrice d’oppositions distinctives partiellement factices ; cette surdétermination des Catégories De l’Esprit voulue par la philosophie institutionnelle (à quelques très rares exceptions individuelles de ses chercheurs), déforme ainsi considérablement la perception des aspects particuliers du « Réel » lesquels sont reliés, subrepticement, entre eux par des passerelles ininterrompues, alors que ces dernières sont invisibles au premier coup d’œil. (cf : p10 du Recueil intitulé : Quelques Pseudopodes du Registre Ontique…).

          Ainsi, par des chemins de traverse, l’auteur veut échapper un peu à cette ultra-formalisation néfaste, caractéristique de la flèche décisionnelle occupant toute notre contemporanéité jusque dans ses moindres recoins, celle qui réactive, au fil de la profusion textuelle, le piétinement des protocoles au détriment de la destinée noble et première de la philosophie, protocoles de plus en plus procéduriers et harnachés d’œillères, jusqu’à devenir de simples rituels à force de répétition sur l’horloge et le calendrier…

          Cet ouvrage atypique, anti-système, à l’écriture concentrée est réservé à quelques rares Champollion des temps modernes ; il s’adresse à une petite minorité de scrutateurs patients, fortement familiarisés avec les représentations non directement figuratives de l’Esprit, en somme, et amplement familiarisés, tant avec les lexiques denses, profus et hauts en couleur, qu’avec les syntaxes aux règles non normatives faites d’une construction des propositions plutôt contournée, enroulée, circonvolutive, pour être à l’image de ce que nous croyons être la circularité et la refonte cyclique des choses du Monde ou de l’Esprit-Monde, familiarisés encore avec une large palette de figures de style à forte dominante allégorique, mais dont certaines autres, hors du catalogue allusif, sont peu en usage de nos jours…

          Ce manuscrit, en même temps qu’il peut intéresser de près un syntacticien, un lexicologue ou encore un esthéticien, s’adresse donc essentiellement à quelques rares philosophes-chercheurs très confirmés dans les Sciences du Langage et en Herméneutique, quelques exceptionnels spécialistes du décryptage de textes, dont certains passages, du point de vue de lecteurs trop pressés parce que happés par le jouissif tourbillon de la vie - et ils sont légion - flirtent parfois avec l’hermétisme…

          Il est réservé à une petite minorité de scrutateurs laborieux ayant intégré la fable du Lièvre et de la Tortue de Jean De La Fontaine, scrutateurs vaccinés contre cette pandémie de coliques purulentes chères à notre époque sous nos latitudes, vaccinés en somme, des publics frétillant d’impatience, avides de choses très ponctuelles et archi-séquencées, bien lisses et rassurantes, car ces publics à la recherche permanente d’on ne sait quoi (ils ne savent pas vraiment eux-mêmes où se situer derrière l’immédiateté), sont inconsciemment endoctrinés, aussi bien par l’accélération du temps, (lire toujours plus et lire encore pour lire…) que par le mirage des « Lumières » et la théorétique d’un entendement immédiat. La bonification durable offerte par le fond des choses lentement forgées, non escamotées par l’urgence de la minute suivante, la perspicacité hors du souci d’engraisser sa propre carrière, le choix de consacrer le temps de la durée nécessaire, comme jadis pour les hiéroglyphes, font aujourd’hui défaut à ces publics inconsciemment adeptes de la fuite en avant d’une civilisation qui se meurt lentement et glisse insensiblement, mais inexorablement, vers la décadence, alors qu’elle croit encore à son raffinement phénoménal dont il est difficile de placer, seulement hier, le curseur de l’apogée…

          Ce court ouvrage inclassable, éclectique, extraordinaire au sens étymologique, quelque peu extravagant par certains côtés et consubstantiellement intemporel en ce sens qu’il met très fortement l’accent sur les Fondamentaux que sont les Invariants de la Vie-Monde, a été conçu par un auteur inconnu, simple autodidacte en matière de philosophie, sans aucun état de service (ce dont il s’enorgueillit), vivant à la manière d’un demi-anachorète, reclus au fin fond des collines boisées du Moyen Var et dont le nom de scène est Guy Paradoxe…

          Il reflète une hiérarchie cachée des convictions intimes de l’auteur au sommet desquelles, derrière quelques forts accents existentiels apparents, règnent en maître la croyance de type nihiliste non violente, le principe du doute, de l’ineffable, des mondes aléatoires, des permutabilités indifférentes, de l’absurde, de l’impossible, de la contingence, de l’agnosticisme, où trônent encore, l’adhésion à l’idée d’un prédéterminisme universel de nature inconnue résidant en toute chose, la grande circonspection envers le soi-disant libre arbitre aussi, et comme corollaire, un net penchant pour l’immatérialisme ou le subjectivisme (bien que ces deux conceptions ne résolvent pas tout à elles seules), cette dernière particularité se justifiant par l’exécration et la non validation du principe concret à tout prix ou de l’objet dans toute son objectalité massive dégénérant, sans coup férir, vers l’incontinence terre-à-terre… , le tout conduisant en bout de parcours vers une philosophie du néant.

          Ces convictions n’ayant pas été forgées par un apprentissage scolaire comprenant la lecture « de grands auteurs philosophes du passé », leurs prémices doivent être considérées comme préexistantes à l’établissement officiel des différentes doctrines philosophiques concernées ici ; il s’agit là, pour ce genre de considérations, d’un certain innéisme, dont chacun, finalement, porte en lui les potentialités, mais qui ne demande qu’à s’expanser selon « le bon vouloir des dieux ».

          Cet essai est donc une composition protéiforme, confondant le fond et la forme, il est en outre une alchimie qui doit être appréhendée, a posteriori, comme un syncrétisme doctrinal d’une série puisée dans la même gamme à peu près circonscrite, mais où les registres que nous venons d’énumérer, (auxquels on doit rattacher, idéalisme transcendantal, pour partie phénoménologie de l’esprit et métaphysique de l’homme), se taillent la part du lion.

          D’un point de vue lexical, il emprunte très peu à la terminologie et aux concepts propres au domaine philosophique, l’auteur ignorant ses arcanes érudits.

          Bien plus que d’une constitution polyédrique, il s’agit d’une composition éminemment paradoxale, nous l’avons déjà dit, mais qui cumule une kyrielle de paradoxes placés en surimpression les uns des autres au fil de l’argumentaire (paradoxes de l’esprit, de la conscience implicite et du monde projeté par ceux-ci) concourant à douter au bout du bout, du bout du compte et selon une tautologie infernale, de l’essence même des choses constitutives de « l’Univers » et donc du Réel, le contenu du Monde, objeifié et matérialisé ne pouvant d’aucune manière être préexistant et coupé du Sujet qui le perçoit.

          Ceci aboutissant à une Aporétique Philosophique Fondamentale en tant que vision ultime de « l’Univers saturé de ses myriades de contenus ».

          Sur le plan de l’Esthétique, le système graphique ou encore la plastique, sont sculptés de lignes courbes richement décorées, parfois encombrées, conformes à la particularité baroque, entrecoupées de notes parfois torturées ou arides sur fond de ton, tantôt déclamatoire, tantôt déclaratif et même parfois un peu péremptoire. Cette texture esthétique un peu précieuse par certains côtés mais que nous ne parvenons pas à décrire de façon limpide sur l’étendue, demande à être affinée par un
expert ; elle est plaquée sur des pans entiers de cette architecture complexe au style à la fois effleuré et très construit où veille la double casquette avertie d’un logicien secondé d’un sémanticien, placée derrière l’écran.

          En guise de méthode, la structure argumentative très particulière de cet ouvrage est faite de séries d’allusions voisines et successives destinées à prouver, dont les termes ont des significations complémentaires et chevauchées, mais aussi sont anastomosés entre eux pour être disposés en réseaux.

          La technique dialectique se veut à l’image des choses rassemblées du « Monde » où l’idée de début et de fin incrustant virtuellement la ligne droite n’ont pas de sens. Elle se déroule sur le mode globalement non linéaire et rarement vertical (l’auteur ne croit fondamentalement pas dans la pertinence géométrique de la ligne droite qui, à l’échelle macroscopique, se résout toujours en une courbe) ; les hiérarchies sont de préférence transversales, les connections s’établissent plutôt par subsomption derrière le support. Le tableau est celui d’un faufilage ininterrompu et chevauché de la parole en tant que conductrice de la même « idée majeure » à têtes multiples indéfiniment prolongée, faufilage ininterrompu donc, des éléments sémantiques de langue, réunis dans l’étalement en réseaux successifs, voire en strates et ponctués de passerelles tout en aménageant des retours en boucle, parfois doubles ou triples, retours en boucle destinés, eux, à marquer le sens et à compenser le manque d’ancrage des Catégories de l’Entendement Humain, manque d’ancrage sciemment organisé « sous la forme esthétique d’une poétique à texture floue et chantante », car l’auteur, au fond de lui - et c’est là son drame !! - ne croit pas dans le bien-fondé de ces Catégories de l’Entendement sans cesse sollicitées, suractivées, et donc surdéterminées … mais dont on ne peut, bien évidemment, se passer pour vivre ou croire … et comme évitement du suicide… et qu’il recrée irrémédiablement à son insu, bien que de façon nettement moins catégorique, en aménageant des ponts entre elles.

          A l’image de « l’Univers Informe » qu’il prend comme point de repère dans sa quête sondagière, ce texte est à entrées multiples et ne présente pas de chapitres ou de réelles coupures propices aux pauses du « Cogito » pour se recharger, peu de ponctuation aussi, et c’est là la finesse, car il est lui-même, du début jusqu’à la fin de ses 115 pages (si l’on exclut les 15 pages supplémentaires dont la moitié sont les propres citations de l’auteur), malgré l’illusion d’un foisonnement anarchique seulement apparent, de l’expression, un continuum de la même « Idée Aux Nuances Multiples » gravée dans le marbre, s’écoulant dans sa version fleuve et logorrhéique grâce à un fourmillement de ses ersatz constitutifs débités en geysers contigus entre eux. Les repères situant exactement la cohésion intrinsèque et l’unité de ton idéaffectel (notion inventée par l’auteur) sont à rechercher ailleurs…

          Le logos confondant son support oral est à forte inflexion métaphorique, analogique, hyperbolique ou métonymique et un brin mystique, et conjointement, non seulement il n’exclut pas, mais il conforte, à la fois indirectement et directement, son indissociable autre pendant, la rationalité raisonnante « logico-empirico-déductive », voire métalogique. C’est ainsi, qu’au fil de l’horloge et selon la géométrie des différentes orientations qu’elle se choisit alternativement pour un même sujet à éplucher, la raison raisonnante saturée de son mixte logico-non logique, progresse à chaque fois d’un pas reptilien et subreptice en poussant ses feux vers ses retranchements les plus réflexifs, formant à chaque fois localement, un faisceau de butées qui finit encore par enjamber les digues vers un au-delà…

          Sur le plan purement logique assigné à sa résidence habituelle, et en tant que forme d’une opération de l’entendement, il nous paraît intéressant de voir où se situe exactement la nature des rapports existants entre les termes de l’opération elle-même. L’organisation signifiante de l’expression sensible, sa tournure, quant à elle, se fait selon un effleurage flou et périodiquement repassé de touches successives, ou réinvesti par léger décalage des significations ; on pourrait peut-être dire, qu’afin d’atténuer la surdétermination trompeuse de sens à l’intérieur des différentes géométries du « Réel » par les Catégories de l’Entendement incluant les notions (celles-ci étant surfixées et artificiellement cloisonnées entre elles), une certaine modalité de cette construction abstraite est de lui permettre de s’extérioriser par d’autres combinaisons des termes faisant sens, pris dans une même famille.

          Guy Paradoxe est le promoteur d’une composition architecturale de type non abouti si l’on vise son indexation à un anti-système complet ; c’est une œuvre de surcroît franchement paradoxale, où le principe de causalité, d’appartenance unitaire, en ligne directe, est abandonné pour être induit sur plusieurs niveaux de dédoublements et émulsionné vers des faisceaux de causes, vers la conjonction de plusieurs phénomènes, engendrant l’effet.

          En passant par le point d’articulation majeure de son sujet principal qui est la Pensée Humaine (cette chose au sens restreint propre au philosophe), ses propriétés, ses mécanismes et son mode de fonctionnement dont il est le spécialiste de contrainte, sur le fond, le concepteur du projet fait ici un raccourci saisissant, un tour d’horizon de l’univers entier, ce qui peut paraître à première vue dérisoire ou prétentieux, pour ne pas dire mégalomaniaque, mais qui l’est moins, lorsqu'on a pris connaissance de l’intuition consignée dans l’argumentaire du même auteur dont le titre est : « Avoir Une Opinion Sur Tout » , placé en n°9 dans le, Registre Ontique En Mode Concret, annexe faite selon une écriture nettement plus accessible, ayant pour en-tête : « Les Inextricables Tribulations Sans Répit De La Fonction Concevante » et " en n°9, La Convergence Inéluctable Du Pluriel vers L'Un Est Synonyme D'Essence"


          L’intérêt du corps intime de lecture constitué par le contenu en profondeur du texte lui-même, réside précisément dans les raisons intrinsèques et nombreuses, argumentées, détaillées, dévoilées ou « démontrées », pour lesquelles, n’en déplaise à la foultitude des indécrottables optimistes authentiques et structurels de toutes obédiences, on est dans l’Impossibilité Fondamentale, Première, Dernière Et Chronique , Aux Choses, quel que soit le bout de la lorgnette par laquelle on examine ces choses.


          Cette Ontologie à très nette Prédominance Ontique finit sa course vers une Philosophie de l’Indicible, du Doute, des Mondes Aléatoires ou Permutables et Indifférents, du Faseyement Perpétuel, des Spirales Itératives, de l’Insoluble, des Apories donc, du Néant finalement et de la Désespérance, tout en étant - derrière le type d’énigme qu’elle tente de dépasser- accrochée par le bout de l’orteil à la cascade des autres courants de pensée convergents, à quelques nuances près.

          En conclusion, Guy Paradoxe vient de donner un fier coup de pouce au lecteur potentiel très motivé, en lui offrant un très large panorama des ingrédients de cet édifice quelque peu fuyant ; en plus de sa tournure d’esprit globale, il vient de lui fournir une mine de renseignements utiles pour le déchiffrage intime du manuscrit, même si cette palette est loin d’être exhaustive et bien ordonnée.

          L’auteur se tient à la disposition de ce Lecteur Aux Belles Armoiries, si celui-ci souhaite par la suite, avoir la traduction littérale de certains passages. En échange de cette invitation à la contemplation - on a le droit de rêver un peu - Guy Paradoxe espère recevoir un jour, de sa main, un commentaire substantiel et fouillé, quelle qu’en soit la teneur du reste, même la plus acerbe ou cyclonique, pourvu qu’il soit sincère, solidement argumenté et très loin situé des habituelles formules lapidaires, immédiatement polysémiques ou amphiboliques, et donc illisibles ou faussement flatteuses, très en vogue, dans tous les milieux d’activité de notre pauvre Hexagone, truffé aujourd’hui de fumistes déplorables, lieu où l’honnêteté intellectuelle, au fil des décennies, s’est délitée à en faire pleurer les statues de pierre, lieu de prédilection, modernité oblige, pour l’expansion conquérante de la roublardise, ce qui parfois, sous l’effet du découragement devant un tel spectacle, donne envie de « plaquer définitivement la confrérie » pour aller se ressourcer chez les Danis d’Irian Jaya ….


          Pour finir, Guy Paradoxe indique au lecteur qu'il trouvera ici, une mise en perspective de cette composition principale abstraite, toute une série d'extraits de consistance purement ontique et de facture concrète, eux-mêmes titrés.