L’Avant et l’Après ont perdu leur sens habituel.
On dit à qui veut l’entendre que l’Homme fait partie de l’Univers, qu’il y
est contenu au même titre que n’importe quel autre objet. Le sens commun est
persuadé de la véracité absolue de ce constat. Les scientifiques des sciences
dites dures mais aussi une grande majorité des philosophes adeptes de la
matérialité ou de l’objet concret bien palpable, voire de la substance, pourvu
que celle-ci ne soit pas liée au Principe Abstrait, reconnu à son tour par
quelques uns comme relevant de la véritable pertinence concrète qui vaille
absolument, y adhèrent aussi.
Cependant si on remonte très très loin en amont vers les sources premières
de la vie, ou les balbutiements du vivant, à travers des éléments de plus en
plus primitifs, élémentaires, rustiques, transitoires et jonctionnels, on
aboutit, de proche en proche, au point ultime de jonction entre l’Inerte et
l’Animé, et alors on est dans l’incapacité absolue d’attribuer une
détermination à l’un comme à l’autre principe, on est dans l’impossibilité
totale de dire ce qui différencie la matière inerte de la matière vivante ou
animée. On tombe irrémédiablement dans la confusion, dans l’impossibilité
absolue de dire ce qu’est ou ce qui définit le règne animal et végétal d’un
côté, le règne minéral de l’autre.
A cet instant, l’Avant et l’Après ont perdu leur sens. On ne peut plus dire
que Le Monde Du Vivant est issu du Monde Matériel et Inerte. On ne peut plus
dire que la Terre et l’Univers préexistaient aux premières briques du Vivant
lorsqu'elles se sont formées. L’Avant et l’Après n’ont plus de sens. Du coup, on
ne peut plus dire que l’Homme est totalement incrusté dans le Cosmos.
C’est là le sens de notre croyance très
enracinée selon laquelle, l’entendement humain, en tant qu’il est lui-même le
fruit de l’évolution des espèces, est plutôt extérieur au cosmos puisqu'il
permet de penser et de disséquer ce dernier, autrement dit il permet de lui donner
un contenu, ainsi qu’à tous les objets qui le peuplent.
Or, non seulement le Cosmos ne préexiste pas à l’entendement, mais c’est au
contraire ce dernier qui, depuis un simple quelque chose d’informe supposé, le
fabrique et le construit en lui donnant une consistance sans cesse renouvelée,
sans cesse décalée ou réajustée.
Guy Paradoxe
Rédigé en 2016
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