95. Les Conventions et les Mondes Aléatoires



          Derrière l'Instantané De Son Evocation, 

       La Chose n'est pas La Chose.




           Les conventions sont partout,

elles rassurent à l’ultime l’instinct vital ;

elles ne sont pourtant que des Arbitraires, voire des Artefacts.

  



          Depuis l’Homme Des Cavernes et même bien avant, jusqu'à ce que les repères se perdent vers la naissance de la terre, les conventions existent. Elles n’ont fait que se remodeler et se démultiplier depuis, selon un schéma exponentiel, au point que l’Individu-Sujet et, « Le Vivant », pour ne prendre qu’eux, ne sont eux-mêmes que de pures conventions, finalement.

          Christophe Colomb est-il le découvreur de l’Amérique ? Chacun peut répondre par la négative sans qu’une longue démonstration soit nécessaire pour convaincre … Nous savons bien qu’il s’agit là d’une pure convention, le continent américain étant déjà habité avant l’arrivée de ce messie ….


… … Longue démonstration pour convaincre ailleurs, avons-nous dit ?…  … pas si sûr, car la longueur terrorise déjà l’impatient commun des mortels converti à la chie rac du bulletin météo incluant dans son package d’éclipse foudroyante les formules de politesse et le tout self plateau repas ingurgité sur le vif, pas si sûr, car c’est ignorer la farouche et féroce résistance qu’oppose la Croyance Individuelle ou Collective au discours, quelle qu’en soit du reste sa solidité, sa longueur, sa provenance, surtout à une époque où les gens pensent pouvoir tout connaître par eux-mêmes ,instantanément, dès la naissance, phénomène encore aggravé par Le Piège Impérial, la trouvaille des trouvailles, le point culminant de l’Everest en somme, le très royal et fort trompeur Internet qu’on leur a mis dans les pattes en leur disant qu’avec çà ils iront tout droit au paradis pour l’éternité, en court-circuitant le purgatoire, sans les avertir qu’il existe une quintessence des hiérarchies structurantes et limitatives pour forger les cœurs et les esprits, pour combattre l’infinie profusion nivelante et abêtissante comme l’est le monotone bon foin gris de tout un élevage de veaux élevés en semi-liberté…   attendons une petite décennie seulement : Internet ?  on en reparlera !...   … lorsque les aberrations les plus folles et les plus imprévisibles auront saturé l’espace de la toile.

Longue démonstration pour obtenir l’acquiescement ?  pas si sûr donc !  et  pour s’en convaincre, il suffit de voir combien reste définitivement sans écho, sans impact « une fois passé leur coup de cœur des tripes », sur les populations du pays auquel elle s’adresse pour les sensibiliser hors des sentiers battus de l’image purement émotionnelle et les élever à l’âge adulte, telle, telle ou telle autre démonstration copieusement architecturée par un grand spécialiste, qui en « Astronomie », qui en « Socio-Linguistique », qui en « Botanique », qui en « Musicologie », en « Neurologie »,  en « Géopolitique », en « Climatologie », en « Archéologie », en « Physique Quantique », en « Economie », en « Zoologie » ou en « Science de l’Environnement » pour ne citer que quelques cachexiques exemples dans la vaste panoplie des centres de curiosité intelligents. On ne refera pas le Monde !!!   Ce serait trop simple !!!   La pédagogie n’a qu’un intérêt très limité sur les générations et il y a trop d’imbéciles heureux de toute façon sur la planète…  ou trop d’intuitifs simplistes, qui, d’un tour de main ou d’un trait de voix ont tout compris sur tout et rien approuvé du tout, qui instantanément se retirent du podium, désarçonnant par ce geste redoutable le besogneux et lent dialecticien de métier un peu trop imbu et rivé sur ses dadas en même temps que trop confiant en la nature humaine de ses semblables sensés lui apporter leur adhésion par une allégeance complice…

Au diable cette mièvrerie envers le genre H, fi de l’angélisme qui veut voir le Bon Samaritain partout. Il n’y est pas. Autrement, il n’y aurait plus d’égorgement, de petite charpie, ou de boyau fumant à l’air libre entre les nations depuis Jésus Christ et jusquà tard ce soir ; çà se saurait !  Au diable ce siècle d’agités intenses, d’hyperactifs qui lâchent dans tous les azimuts des chapelets de péts de lapins pour alimenter la postérité… la postérité, où l’Histoire se perd de toute façon  - n’en déplaise aux très aristocratiques longues lignées viscéralement attachées à perpétuer leur patrimoine -  se perd sur l’infiniment court terme donc, en comparaison de la durée de vie du seul petit et bien insignifiant système solaire perdu dans les inextricables amas d’amas, d’amas de plein-vide s’emboîtant pour empiler la consistance de plein-rien, les monceaux de galaxies… donc.
Les grands bâtisseurs auront bonne mine le jour où notre étoile chérie aura fini de brûler son carburant…


Foin de la brillante vivacité d’esprit, spontanément visuelle, impressionnante à souhait, celle qui  s’exerce en surface et pour l’écume des choses sur une poignée de registres bien rodés mais tombe subitement en panne à la moindre alerte venant des abysses, de la fosse labyrinthique.   
Fi du sprinter battu à plate couture par le marathonien.

La fable de la tortue et du lièvre reste d’actualité.


Dans tout çà, revenons à nos moutons :

L’inventeur du premier aéronef est-il bien l’inventeur du premier aéronef ? Bien sûr que non. D’abord, parce que le premier aéronef n’est pas le premier aéronef en tant que tel. (Une plume d’oie qu’on lâche dans un courant d’air n’est pas un aéronef, par contre un ballon qu’on lâche dans ce même courant d’air est un aéronef ; un avion de gamin conçu avec une simple feuille de papier qu’on lâche à son tour dans ledit courant d’air est donc un aéronef puisqu’il est déjà aussi rustique et primitif soit-il, une machine conçue par la main de l’homme) ; il n’y a donc pas de frontière entre ce qui est çà et ce qui n’est pas çà et l’idée du premier quelque chose est absurde, surtout lorsqu’en amont, la très fameuse main de l’homme opérant, se confond avec l’empreinte de la Nature, dont une variante est, ce que les orientaux, fatalistes, nomment la destinée toute tracée, l’exemple type d’une autre forme de cette destinée où le libre arbitre se casse les dents, étant le passage insensible entre le caillou inerte et le caillou taillé ou non, pour servir de projectile ou d’outil aux « tout premiers » primates ou hominidés.

De plus, en matière de « conquête de l’espace » en passant par l’étape d’un truc nommé avion, l’Histoire nous enseigne que l’on est allé très progressivement du bond de puce insignifiant, à des sauts planés à l’aide d’une multitude de machins ultra-légers « au départ ». Un vol commence-t-il à 3 mètres du sol durant 6 secondes et sur une longueur de 5 mètres ou au contraire à 40 mètres de haut et 200 mètres de long pendant 4 minutes ?


Mais il y a plus, car l’idée que l’on puisse être à l’origine d’une invention donnée ne relève, pour notre esprit archiconditionné à chaque seconde qui passe, que de son irrépressible, vital mais foncièrement stupide besoin de produire des catégories ; la Pensée elle-même étant d’essence éminemment catégoriale et séquentielle, ne peut pas sortir de son obtusion, de son enfermement à sécréter la bribe, même lorsque cette bribe prend les dimensions d’une thèse de 3 ou 4000 pages, ou du scénario impliquant la totale coordination d’un programme de recherche océanique d’envergure s’exprimant en centaines d’heures d’intervention.


L’idée en question donc, escamote en revanche une réalité majeure car elle ne rend pas compte d’un processus invisible de réalisation insensible et en continu sur le fil des deux infinis, de l’objet, qui, du coup, a perdu ses frontières et ses caractéristiques, objet placé au contact d’une chaîne ininterrompue de sujets « aux aptitudes créatrices » toujours préformées (donc ne leur appartenant pas vraiment à chaque fois), par les acquisitions « déjà de main d’homme », des stades antérieurs d’un processus de réalisation de « l’objet » lancé sur le cours de l’infini. En fait, l’inventeur n’est jamais l’inventeur, on pourrait dire tout au plus qu’il ne fait qu’apporter son grain de sable supplémentaire à ce qui préexiste toujours. Le processus est tellement illimité dans le temps et l’espace qu’il n’y a plus de frontière entre un voilier et son quai d’amarrage, entre le sujet et l’objet qui au bout du compte se confondent, confondant avec eux les espaces interstitiels. 

Lorsque je dis que tel architecte maritime a entièrement conçu la coque et les gouvernes d’un esquif donné et que, fatalement, il s’est inspiré pour cela de telle et telle autre conception de même nature, j’indique dans les faits que le mérite de cet architecte ne porte que sur une simple modalité architecturale, une nuance en somme, car les formes déjà élaborées et connues de chaque pièce, la consistance des matériaux et leur nature ainsi que les techniques d’assemblage préexistaient en plus des conceptions impliquant des synthèses de cet objet oblong ; sans compter, placés en amont, le nombre considérable des participants à l’élaboration et à l’individuation des matériaux ayant abouti à l’usinage de chacun d’eux pour servir ailleurs, avant qu’ils ne soient repris, transfigurés, placés ensuite entre les mains de cet architecte là, sensé participer à l’assemblage définitif.

Préformation supplémentaire, cette fois-ci du mental de l’intéressé, celui-ci a préalablement reçu une formation collégiale de spécialiste en architecture maritime et qui, comme telle, ne lui est pas exclusivement destinée. L’architecte maritime en question n’est donc pas l’inventeur de la coque et des gouvernes du bateau dont il s’agit, c’est un abus de langage que de l’affirmer, car sa main et son cerveau placés au point de départ de «  son œuvre » sont a priori eux-mêmes la résultante d’un collectif « ayant déjà opéré » au gré des résultats permettant de glisser sur l’élément liquidien





Un aéronef serait une machine qui volerait… … L’Hydroptère alors est-il plutôt un aéronef ou plutôt un voilier, et jusqu’à quand de ses perpétuelles transformations insensibles, dans ces conditions ?
De leur côté, l’écunard ou le reneuil, l’écureuil ou le renard « aux ailes de chauve-souris », ces choses dont les membranes relient les pattes antérieures aux pattes postérieures, sont-ils plutôt des objets volants permettant de courtes ondulations planées dans la canopée, ou au contraire des objets proches de leur deux cousins rampants dont, par son agilité, l’un deux vole déjà de branche en branche ? 
Le Protoptère est-il vraiment un poisson ?
L’Ornithorynque est-il bien un mammifère dit monotrème et ovipare ou plutôt une espèce très bizarroïde de canard sauvage ??


L’écart de signification que l’on reconnaît spontanément entre marcher et voler a-t-il vraiment un sens et correspond-t-il à une réalité majeure ?  Non ! Comme en quasi toute chose du reste ! Tout le monde sait que les premiers « pas » effectués sur la lune par Neil Armstrong ont été des bonds successifs selon des trajectoires courbes de plus ou moins grande ampleur liés à l’absence d’atmosphère sur notre satellite naturel et à l’apesanteur. Ces modalités de se mouvoir ou ces « déplacements » se situent entre les deux sens tranchés précédemment évoqués de marcher ou de voler. Or la planète Terre située dans l’Univers est l’un des très rares objets, pour ne pas dire le seul, à disposer d’une atmosphère de type qu’on lui connaît. Que pèse donc, en terme de situation d’un phénomène répétitif dans l’incommensurable volume spatial global et inter-sinon-sidéral, la valeur de vérité ou la valeur de réalité de l’idée de marcher ou encore de celle de voler, qui plus est, par rapport à une Réalité de l’Entre Deux Sens ou d’une Réalité de l’Externalité nettement plus prégnante par son ampleur ou encore de l’Extraterritorialité du Sens qui s’accomplirait et se reproduirait des milliards de fois dans des Ailleurs, hors du microscopique espace terrestre qu’est le nôtre ?

A son tour, et pour conforter un peu plus la déduction faussement interrogative ci-dessus énoncée, le même écart de signification que l’on reconnait spontanément entre nager et voler, perd son sens devant l’observation de toute une série d’objets naturels propulsés entre ciel et mer, tels les frégates, les fous de Bassan, les manchots, les requins, les marsouins, les orques, et autres poissons volants…

Poussière dans un Cosmos Sans Borne, nous savons bien que nous ne sommes pas au Centre de l’Univers, pourtant notre réflexe premier, irrédentiste, est de secréter de l’Anthropocentrisme et de l’Anthropomorphisme qui, à tout bout de champ, induisent et tordent à la casser l’idée de réalité quand çà nous arrange.


De même nature est, à y réfléchir de près, en guise de réalité là encore, l’illusion du principe rectiligne que crée la section dite horizontale de ligne dite droite joignant les 2 bords d’un pan de notre toiture d’habitation que nous avons beaucoup de mal à voir comme une section imperceptiblement courbe alors que l’on imagine parfaitement, que le prolongement en continu toujours horizontal des 2 bouts de cette section de droite supposée, aboutirait dans l’absolu, une fois transgressé les obstacles matériels placés sur son long cheminement « strictement rectiligne », à circonscrire entièrement la sphère terrestre…

Les événements et les choses que nous taxons au quotidien de réalités ne sont en fait que des illusions passées inaperçues comme telles parce qu’ils sont immergés dans des contextes très restreints propices à la familiarisation de notre imaginaire et de nos sens, propices à la précipitation impérieuse de nos émotions érigées en sacerdoce par les inconditionnels adeptes et décideurs de l’art cinématographique hostiles par principe à la Raison Raisonnante, contextes restreints propices à tout cela donc, mais qui n’ont aucune valeur dans les vraies dimensions de la durée et de l’espace ou de la réflexion d’ultima niveau. 



Une intelligence, même très affûtée a bien du mal à se placer dans une perspective perpétuellement transformationnelle des choses, car son réflexe inné, à cette intelligence là, est de fonctionner avec le handicap classificatoire inscrit dans son arrière-boutique, est de se projeter selon une vision fixiste, cadrée et locale, vision accentuée par le positivisme. Elle a bien du mal à se situer en terme de chaîne ininterrompue d’éléments terrestres placés sur le fil rétroactif des millénaires, en tant que ces éléments seraient sans l’être, des objets supposés ou constitués de l’observation, de moins en moins déterminés vers l’amont au fur et à mesure que l’on approche ou que l’on dépasse le moment de la naissance de notre planète, éléments se modifiant de proche en proche par transmission de l’un à l’autre au fil du temps, selon un processus insensible de transformation continue.

Cela tient à notre trop grand et ancestral conditionnement aux catégories de l’entendement, à notre trop forte imprégnation positive et scientiste vers l’objet isolé et surdéterminé et donc à notre atavisme pour le concret, le palpable, le terre-à-terre, et la matérialité ; l’imprégnation dont il s’agit n’est pas différente de celle qu’on crée artificiellement chez les rats de laboratoire. Il ne viendrait donc à l’idée de personne de contester qu’un chien soit bien un chien, qu’une pierre soit bien une pierre : l’écart apparent dans les contenus de ces deux objets est tel que le persistant contestataire de ces deux significations séparés qui instantanément voudrait les réunir jusqu’à les confondre en une permutation des termes pour indiquer leur imbrication définitive, par le truchement d’un fil d’Ariane brodeur et conducteur, mérite bien sûr l’asile. C’est que le nombre de maillons intermédiaires, manquants de la chaîne d’objets invisibles et insensibles entre la pierre et le chien est tellement élevé qu’aucune série d’images parlantes pour La Psyché et Le Regard ne permet, d’un simple coup d’œil circulaire, d’observer ou d’intérioriser ce qui ailleurs, à une échelle beaucoup plus restreinte, est ressenti comme une évidence, comme par exemple ce qui prévaut en terme d’évolution pour le simple passage des reptiles aux oiseaux ou aux mammifères amphibies, ou pour d’autres typologies maintes fois brassées et remaniées aussi faciles et familières d’accès.

La chose n’est pas la chose, non seulement parce que ses frontières ne sont pas établies, mais parce que son contenu n’est pas fixé, figé ou approprié une fois pour toutes sur la durée et que sa qualité reste indéterminée. Un chien n’est donc pas un chien. Un chien est une énigme en soi. Tout le monde sait bien que, par les manipulations génétiques on permet à un organisme donné de perdre ses caractéristiques intimes, « originelles », ou de les translater définitivement, au point qu’il n’est plus l’organisme donné, et tout en bouleversant les codes éthiques, cela va très au-delà du simple fait qu’il existe déjà des « vaches » de poche et des « chiens » pas plus gros que des souris qui, physiologiquement, anatomiquement ou psychiquement se rapprochent d’autres genres mais n’ont plus rien de commun avec leurs lointains « cousins originels » eux-mêmes issus d’une très lente adaptation, depuis le chien sauvage, voire le loup, pour ce qui est du chien-souris.

Mais avec cette allusion à des manipulations génétiques, on est  entré dans ce qui, à peine là relève d’un minuscule, bien dérisoire, fort banalisé, ponctuel et bien seul registre puisé dans la Vastitude Scientifique. 

 Or ça, élargissant la prouesse des molécules formées d’associations entre des cations métalliques et un ligant organique, La Chimie Moléculaire associant La Géologie, La Biochimie, La Paléontologie pour ne parler que de ces matières, insiste sur le fait que des molécules simples du monde « inerte » engendrent des chaînons moléculaires de protéines, principales composantes des cellules vivantes « prokaryotiques », hétérotrophes ou autotrophes ; elle insiste en outre sur le fait que la formation de molécules complexes élaborées par une sorte de métabolisme chimique dit « prébiotique » s’est réalisé dans des temps très anciens, se rapprochant à grand pas de la naissance de la terre il y a 4,5 milliards d’années, à partir d’éléments comme l’eau, le gaz carbonique, l’azote, l’argon ou l’hydrogène, mais dont, comme dans l’histoire de l’œuf et de la poule, on ne peut pas garantir qu’ils sont eux-mêmes primitifs et exclusifs quant à occuper l’Espace Primordial ; ces secteurs de la connaissance démontrent que ce métabolisme a permis d’emmagasiner de l’énergie, d’organiser des combinaisons moléculaires et de former des matériaux tels que sucres, acides aminés ou bases organiques.


Alors que ces sphères de Science, et d’autres encore, concluent au fait que le passage entre le non-vivant et le vivant se fait insensiblement, sans frontière, selon des associations chimiques donnant graduellement naissance à une sorte de métabolisme pré-biotique sous des conditions favorables, depuis le très en-deçà où se situe l’infiniment petit ou l’extrêmement élémentaire, outrepassant amplement les simples cellules anaérobies dont le métabolisme est déjà nettement plus primaire que celui des bactéries, alors que ces domaines de la Science indiquent çà, au nom de quel droit fondamental et de quel arbitraire, dès lors, privilégierions-nous la seule Génétique affiliée à la Biologie pour décider de la détermination qui se cache derrière la Notion de Chien ???...     puisque ce dernier porte directement une part de l’héritage du monde minéral et par voie de conséquence très indirecte, du règne  végétal, du monde Naturaliste aussi, puisque ce dernier donc, est un peu caillou, sable, terre ou argile, en somme, argile comme celle-là même qui, lorsqu'elle contient des métaux retient les acides aminés ou les nucléotides en qualité de constituants de l’ADN, puisque ce « chien » est peut-être, hors de là, un peu plus encore, chanvre, gentiane ou colchique des prés ???

Les domaines de prédilection scientifique seraient-ils donc si inégaux en qualité et en pertinence pour qu’on les cadenasse aussi séparément dans des coffres étanches et blindés, au point qu’un seul, quasiment, le plus férocement substantialiste d’entre tous    - celui qui croit dur comme pierre que la substance est la substance, et gouverne l’Univers -   serve de royal référent, sacrifiant 5,  10, voire 20 autres disciplines tout aussi respectables qu’on laisse ostensiblement sur la paille, auxquelles on ne laisse que quelques osselets à rogner ???

Malgré mon extrême certitude de connaître parfaitement, dans les moindres détails, de l’intérieur comme de l’extérieur, et définitivement mon chien, toutes les déterminations dont il est pourvu, tant sensorielles que mentales, ou physiques au-delà de la simple anatomie, ou encore physiologiques, voire pathologiques (car, justement, dérivées de la Biologie), malgré mon extrême certitude de connaître parfaitement le « comportement et les affects d’exceptionnelle proximité de mon meilleur compagnon », malgré tout cela donc, la gigantesque part d’indétermination de « cet objet » est là, la distance galactique et cosmique est là ; selon une autre géométrie de la métaphore, cette distance représente un colossal et insoupçonnable volume, où toute comparaison prise, l’image de la part immergée de l’iceberg reste nettement trop pâle ; ceci d’ignorance, à côté de ce qu’on sait de lui.  
Cette dissymétrie phénoménale, cette distorsion abyssale au profit de l’ignorance de ce qu’est mon chien m’est masquée sur la courbe infinie du futur, par un échelonnement, après coup pressenti, très progressif et infinitésimal des découvertes égrenées, additionnelles, en cours de devenir sur « cet objet ». Malgré mon extrême certitude donc, je suis encore complètement leurré par mes « caractéristiques humaines », l’effet apparent de transfert par effet d’osmose et de profonde empathie, de symbiose avec cet objet-sujet, leurré de croire non seulement qu’un chien est bien un chien, mais que mon chien est bien mon chien.

Le leurre réside en ce que, durant la courte séquence valant à chaque fois l’instantané où j’envisage « mon chien » après l’avoir « perdu de vue », le cliché qui s’y rapporte est coextensif de l’implicite certitude sous-jacente selon laquelle tout ce qui fait mon moi, connaissable est là et en ce que, inconsciemment, je présuppose à tort et de façon artificielle comme déjà déterminés mes propres attributs et mon moi d’être, mon moi « d’essence dans l’envergure et la densité que cette essence connote », alors que je suis à mon insu dans la véritable incertitude, de qui ou de quoi je suis, de quel bois je suis fait, de ce en quoi consiste mon identité intime au sens d’essence couvrant mon individualité, ceci, dans le contexte environnemental qui est le mien, et stratosphériquement au-delà, bien évidemment, des sempiternels lieux communs, des croyances établies…   …
Le résultat en est un transfert artificiel, à la fois anthropocentrique et anthropomorphique de « mes caractéristiques » vers « mon chien », et c’est ce qui me fait m’exclamer ordinairement : « ô mon Dieu, comme on se comprend bien lui et moi !!!   Il ne lui manque que la parole !!! ».
Mon Chien est donc bien en soi une énigme totale… … …

L’Idée de Chien se ramène en fait à une simple convention, une fois de plus !!

Dans la panoplie décrétée des caractéristiques, quelles sont celles qui préférentiellement, lorsqu’on leur permet de subsister quelque temps, font la détermination véritable d’un être auquel on a de toute façon occulté la part d’âme, de mystère ou d’intelligence, (comme par exemple ce qu’on veut bien appeler par simplification abusive, l’horloge physiologique chez les végétaux, ou encore, la boussole chez le papillon Monarque, chez les oiseaux migrateurs dont l’archétype est l’oie sauvage, chez les baleines aussi) ?  Quelles sont les caractéristiques qui  font définitivement la spécificité classificatoire de cet être, comme genre, comme espèce, ou comme famille ??   Quels sont mêmes, en amont, les critères retenus, et sur la base de quelle pertinence fondamentale, supposée, pour constituer une caractéristique donnée ???   

En tant que systématique, la Typologie, science de l’élaboration des types pour faciliter l’analyse d’une réalité complexe, porte déjà, a priori une détermination, une charge préétablie de ce qu’elle propose ; elle prépositionne les attributs d’une convention en herbe. Le type étant l’ensemble des caractères organisés en un tout, constituant un instrument de connaissance par « abstraction rationnelle » et permettant par commodité, mais pas commodité seulement, de distinguer des catégories d’objets, de faits, d’individus. Il ne s’agit là que de pure commodité, bien sûr, nous insistons.
Grande sœur de la Typologie ayant eu dans un passé récent un peu plus les faveurs de la mode et le vent en poupe  - encore que -,   la Taxinomie elle-même reconnait et confirme indirectement son propre arbitraire en soulevant beaucoup de questions épineuses, non résolues, et de problèmes d’ordre conformationnel. Où commence la variété ? Où s’arrêtent les frontières des espèces ?  Qu’y-a-t-il d’essentiel dans la fougère, le schiste ou l’iguane ?  Tout ce qui se pressent ne peut être retenu. Trouver l’élément déterminant auquel tout le reste se subordonne est une gageure. Sur le plan de la méthode, à quel critère ou à quel signe doit-on se fier pour découvrir les limites entre les familles et fixer les appartenances ?  
Une laborieuse et équitable division suppose qu’aucun animal, végétal ou minéral ne se case en même temps dans plusieurs classes et que toutes ces classes soient pleines. Or comment accueillir le nouveau dans des logements vides qu’on aurait aménagé d’avance ?  Est-il possible de répondre au principe d’hospitalité, c’est-à-dire, peut-on prévoir à l’avance des lieux théoriques capables de recevoir l’inconnu ?  Une grille faite à la fois de mailles serrées, et ici ou là, de mailles manquantes formant des géodes peut-elle recevoir des êtres semblables et différents ?   Cette science réfute l’entièrement identique et l’entièrement nouveau parce qu’un rangement n’est possible qu’avec des individus aussi bien analogues qu’opposés, selon diverses proportions les uns et les autres.


Toute Taxinomie se heurte à d’autres pensum. Il y a le piège du polymorphisme, à supposer, bien sûr, que cette définition ne soit pas elle-même sujette à caution, puisqu’elle désigne l’état d’un organisme capable de revêtir des formes différentes sans changer sa nature, ce qui suppose, que la nature même de cet organisme ait un réel sens, soit connue, par ce qui, très en amont, caractérise ou sert de critères incontestables à ce qui fait la nature intime de cet organisme. Or ce n’est pas le cas là encore. 
Le polymorphisme donc, est un piège, puisqu’il est inconcevable d’isoler, ou de scinder en morceaux, les formes multiples, faussement divergentes, d’une même réalité. 
Signe de l’impossibilité aux choses, signe que les choses ne sont pas fixées mais que c’est bien la structure de notre seul mental même, qui en permanence focalise en des termes fixistes, qui à chaque seconde se projette sur son flou d’extérieur ou sur son flou d’objet, pour le saisir et le contenir de façon figée selon un contenu et des contours définitivement cadrés, signe que les choses ne sont jamais fixées donc, le « caméléon » dont on ignore jusqu’à la nature même, le plus que Protée en somme, se joue à tout instant du classificateur qui doit se désillusionner de l’apparence des écarts. Phénomène déroutant pour la minéralogie, par exemple, souvent les mêmes éléments forment des complexes différents ; l’isomorphisme à son tour montre des unités composantes interchangeables qui n’altèrent pas l’architecture caractéristique de tel ou tel édifice. 

Autre signe insurmontable pour la Taxinomie et preuve supplémentaire que chaque chose n’est pas fixée, que son appellation ou sa désignation individuelle est fausse, très au-delà d’un sens habituel, il y a la foule des mixtes, des mélanges ou des combinaisons sérieusement et méticuleusement étudiés en profondeur ; ils finissent par rompre les cadres de la répartition, les faisant alors apparaître pour des arbitraires.

Ainsi va le monde vers l’infiniment indiscernable secrété à son insu par la tautologie permanente de cette machine à discerner coûte que coûte qu’est Le Mental.


 Nonobstant, dans un tel contexte, si l’idée de classification ou de classe est illusoire, a fortiori, du coup, les notions d’ordre, mais aussi d’espèce, de genre et de famille ont perdu leur sens réel pour rejoindre les pâles conventions.
C’est ce qu’illustre et conforte, au-delà des batailles d’experts intéressés à ranger chaque élément en vue d’une cohérence de la population globale, notre scénario de recomposition momentanée arraché au processus de notre logique sans hiatus « des choses » par le jeu du proche en proche et de l’Insensible fait du contigu à contigu perpétuel pour « Appréhender Le Monde ». 
Ce scénario doit être momentanément transposé sur le plan « du vivant » car notre fine analyse conforte l’idée que « les individus non cernés » se succèdent tout en se regroupant par affinité, pour participer à un apparent continuum évolutif, en vertu du fait qu’ils appartiennent à des races durables infiniment diversifiées, des races qui dans tous les degrés d’organisation se pondèrent ainsi que sous toutes les formes, jusqu’au jour où   - un peu comme ce qu’il advient lors de la rupture entre un livre et un autre livre du même auteur, comme pour la cassure entre une théorie et son « pendant-contrariant » d’en face, ou suivant, comme pour un système hypothético-déductif aussi et son alter ego oppositif -   une cause de changement agit sur elles, provocant une mutation. Toutes « les espèces » d’une même série se fondent les unes dans les autres ; les différences qui les séparent ne paraissent claires que lorsqu’il y a des lacunes.

L’analogie est totale avec ce qui se passe pour La Pensée Concevante ou Conceptuelle elle-même, lorsqu’elle s’évertue vers la démonstration sérieuse et complexe (condition sine qua non de sa crédibilité) ; elle ne semble claire alors, que lorsque sur son long cours elle est hachée par des pauses, des temps morts, des silences, des fossés qui lui permettent de redessiner ses contours. En revanche, lorsque son animateur la porte vers un trop grand degré d’élaboration et de sublimation associé à une ressource quasi perpétuelle, elle s’obscurcit d’elle-même par la filature d’un trop long fil déroulé. C’est ce qui est advenu à notre chef d’œuvre intitulé : « Automorphisme Permanent » et la raison pour laquelle nous venons de rectifier le tir par la prise en compte d’un objectif nettement plus modeste.

Au sein de l’entière entité dessinant un individu donné de type animé, entité supposée donc être bien définie, on ignore la région ou le lieu exact de ce qui fait la vie, de la teneur ou de la consistance de cette dernière en somme, de son essence intime et particulière, de sa quiddité, de ce qui ferait qu’elle ne reste pas pour l’éternité une étrangeté d’une nature inquiétante et non maîtrisable lorsqu’elle s’efface, étrangeté par absence du point de sa naissance jusqu’au point de sa disparition, par exemple, avec le hiatus insoluble du passage d’un état à l’autre.
Ce qui frappe un esprit libre et sondagier, pour ce qui est d’ « Homo Sapiens » , et avant de pouvoir extrapoler le raisonnement vers d’autres organismes, c’est le fait qu’on a organicisé cet être, qu’on l’a biologicisé, charnellisé, substantialisé, matérialisé donc à outrance, pour en faire une machine corporéifiée, sous la phénoménale pression de quelques paradigmes très en vogue à notre époque, sous la phénoménale poussée du développement prodigieux d’un quarteron de matières scientifiques telles que la biologie, la génétique, la médecine ou la physiologie…

On a bien sûr oublié qu’Homo Sapiens n’est pas qu’un assemblage de régions anatomiques organisées pour œuvrer en synergie, de groupements d’organes, voire très essentiellement d’appareils, ou de fonctions biochimiques qui à elles seules ou presque, permettraient sa détermination.

Il existe une autre part, celle du lion celle-là, de loin la plus importante et sensée faire sa détermination, c’est par exemple celle de sa Psyché, qui transcende outrageusement cette détermination au rabais, très au-delà du simple cerveau biologique, neurologique ou physiologique sensé être le siège de l’essentiel ; il existe encore une autre part prétendant faire sa détermination, à cet Homo là, c’est celle à élucider, du principe mystérieux de sa coordination globale, si tant est qu’on veuille coûte que coûte lui infliger une démarcation rigide et visible d’avec le « milieu dans lequel il baigne et évolue ». Et quand bien même, un jour, en s’appuyant sur quelques rares compartiments du domaine scientifique, on dénicherait les principes de cette coordination globale, leur valeur de vérité ne serait que momentanée, l’étape suivante, immanquablement,  énoncerait des principes encore plus vrais et pertinents en surimpression des anciens, afin de les chasser définitivement de la croyance et de l’expérience de terrain. Cette part du lion donc, fait appel à une multitude d’autres disciplines scientifiques qui n’ont qu’un faible impact car trop aériennes, floues et source d’abstraction malgré leur prodigieux développement.

Homo Sapiens reste donc très largement indéterminé et tributaire de l’incognoscible. Il n’est de ce qu’offre à voir sa définition, que très peu d’être, à son tour et malgré son extrême complexité constitutionnelle, qu’une simple convention de désignation, qu’une simple apparence en réalité.

Si la chose n’est pas la chose, si le çà n’est pas le çà, mais ce qu’on ignore de çà, ce dont nous sommes viscéralement certains, cette conséquence est en soi cataclysmique tant elle est incalculable, car l’ensemble des ponctuelles désignations sémantiques, des définitions et des notions est aboli de proche en proche par l’effet d’une réaction en chaîne fulgurante, et c’est non seulement le discours dans son entier, « dans sa totalité universelle », qui est faussé, y compris celui qui, régionalement, avec son poids de consistance Fabriquant Le Monde, conduit à démontrer patiemment que la chose n’est pas la chose, mais c’est l’ensemble des logiques et de La Pensée Conceptuelle elle-même qui est faux entraînant avec lui la fausseté de toutes les sensations, l’artifice de toutes les impressions, des sentiments eux-mêmes et aussi de la projection du sujet vers l’objet, de la Projection Au Monde donc ; à leur tour, le Monde et l’Univers ne seraient eux-mêmes que des illusions au sens de l’Inconnu donc, puisqu’ils ne sont que ce que le Sujet fait d’eux en les appréhendant

 Phénomène aggravant et conséquentiel, l’Idée, à l’instant où elle s’ébauche et s’élabore, est déjà lestée d’une lourde préformation, car pour naître elle se sert de matériaux qualifiants et préexistants ; elle est préformée de ses propres éléments prémissiels et finalement constitutifs donc, qui sont en même temps ceux préexistant dans le champ d’accaparement du promoteur et vecteur de l’Idée lié au vécu antérieur de celui-ci.
Or, puisés dans le lexique, ces très qualifiants et élémentaires matériaux enchaînés sur le cours des phrases et reliés par un système à la fois grammatical et syntaxique de langue, sont les mêmes désignations sémantiques, définitions et notions qui viennent d’être abolies dans leur sens, en tant qu’elles dérivent toutes de l’idée ci-avant longuement et solidement démontrée, selon laquelle, la chose n’est pas la chose, le çà n’est pas le çà, mais ce qu’on ignore de çà.


L’Idée en somme, s’abolit et se dénie d’elle-même : elle s’enroule autour de sa propre absurdité.
  
Le Nihilisme trouverait ici son apothéose, le raffinement ultime de sa version douce en y associant, outre le Spleen Existentiel, l’Agnosticisme intégral, et la Philosophie De l’Absurde atteindrait son épanouissement définitif pour rejoindre le Rien Absolu. 

Car si un chien n’est pas un chien, avec prééminence du tel ou tel autre sur la définition abstraite, pourquoi un paysage serait un paysage, sauf à dire, en supposant que ses éléments constitutifs soient fixés, qu’il ne peut qu’être çà pour un Occidental et pas pour un Papou puisque la pleine nature est pour ce dernier, ce qu’est, dans une logique symétriquement inverse, la grande ville pour un Occidental.
Pourquoi ma femme serait ma femme, si déjà en tant qu’héritier d’Homo Sapiens je porte cette phénoménale part d’indétermination qu’est la sienne et si de surcroît, je ressens et pense que je ne suis pas moi, que je n’ai pas l’impression de m’appartenir en propre, que je me sens très étrange dans le Halo Du Monde, en tant que principe autonome, et donc que je suis réellement étranger à moi-même… étranger à mes frontières prétendues…
Pourquoi ma femme serait ma femme, outre çà, sauf à dire qu’elle ne l’est que pour sa simple enveloppe épidermique qui cependant, elle-même change radicalement de texture avec le temps, tant la complexité de son tempérament indique la présence de plusieurs personnalités tranchées, oppositives et chevauchées sur le fil des années chez la même enveloppe de personne qu’est ma femme, tant encore, les photos souvenirs de famille montrent à 30 ans d’intervalle un portrait méconnaissable, un bouleversant changement de sa physionomie et de sa morphologie, pour dire qu’elle est 2 personnes ou plus, méconnaissables de différence dans la simple peau d’une seule, dans la simple virtualité d’une seule.


Ma femme n’est donc pas ma femme ; comme pour le chien, c’est une énigme totale. Elle n’est même pas elle, encore. Ce n’est évidemment pas « une personne énigmatique » car nous ne savons pas ce qu’est elle-même « une personne », cette individualité, cette autonomie véritable nommée Personne.
D’ailleurs, pour ce qui reste de résistance à l’idée que la chose ne soit pas la chose, à l’idée que ma femme ne soit pas ma femme, « cette dernière » est-elle bien sexuellement différente de moi au sens large de ce terme ?   Ici, le sens large fait sien l’idée que la sexualité au sens restreint du terme et pour laquelle on croit pouvoir spontanément reconnaître une différence d’attitude sensible entre femme et homme, n’existe pas en elle-même et pour elle-même, n’est pas une réalité autonome et indépendante permettant localement le somptueux inventaire exhaustif de l’analyse, puisqu’elle est arrimée par un câble métallique invisible au mixte chapeautant, ce mixte chapeautant constitué à la fois de la condition psychique source de désir érotique à distance et du sentiment amoureux manifesté dans ses différents influx conséquents ou infléchissements diffus mais influençants ; ce mixte chapeautant s’exerçant à peu près autant et comme constante, toutes choses confondues et réajustées pour atteindre la parité, chez la femme ou chez l’homme, car caché derrière la disparité ou le différentiel apparent de ses inflexions chez chacun des deux sexes.

Dans le domaine du sport de haut niveau, en athlétisme par exemple, nous connaissons bien la difficulté à discerner une femme d’un homme à cause du dopage systématique et généralisé. Or, passe encore les « grosses anomalies morphologiques » des corps qui ne correspondent plus à un sexe donné, mais se sentir homme ou se sentir femme, être dans cette subjectivité-là   - et c’est cela qui compte -   dans les cas limites, ou même hors des cas limites, est devenu aléatoire et indifférent en soi, puisqu’un soi-disant homme peut se sentir tout à fait femme indépendamment de son aspect physique et vice-versa, et que par ailleurs, le forcing démocratique de l’égalité des sexes tend à démontrer, science à l’appui, que les différences comportementales, les différences de façon d’être et d’aptitudes entre lesdits deux sexes ne seraient pas significatives ; or, si les façons d’être et d’aptitudes se réduisent, cela veut dire aussi que la différence de sentir, de ressentir ou de goûter s’amenuise également ; comme n’est pas significative non plus, la différence d’aspect des tractus génitaux en regard de la procréation elle-même, puisque la répartition des rôles entre femelles et mâles dont on est persuadé qu’au-delà de la simple copulation elle sert une finalité précise et définitivement intentionnelle dictée par une causalité immuable et bien définie, est démentie, non seulement par les hermaphrodites, mais par d’autres mécanismes de la reproduction encore, hors de la mitose équationnelle qui peut se passer d’organes génitaux pour prospérer, vous imaginez bien, mécanismes tels le mode protérogynique dont les archétypes sont Epinephelus marginatus, le Mérou, et  la Girelle, qui commencent femelles et finissent mâles, ou d’autres sujets aussi, qui inversent cette chronologie… … (mais encore par les développements fantastiques de la bioéthique) . 

Il y a donc d’autres modalités possibles, d’autres mécanismes pour permettre la reproduction qui elle-même n’est pas la reproduction, puisque la très lente dérive du processus placé sur les millénaires aboutit à modifier la duplication, avec en prime, sur son jalonnement, les accidents que sont les mutations. La reproduction qui voudrait un intelligent çà là, n’obtient pas sur la durée un çà là ; l’intelligence intentionnelle qui aurait conçu 2 tractus génitaux, l’un femelle, l’autre mâle, pour servir par la reproduction la duplication d’un identique, n’atteint pas son objectif, non seulement du fait qu’elle n’est pas une voie unique, mais aussi que l’intention elle-même se perd… … en conjectures.

Ma femme n’est donc pas ma femme. Elle est donc, non seulement une énigme totale, mais encore une fausse détermination porteuse d’un sexe aléatoire.


Des plus frustes aux moins rustiques, les conventions sont donc inexorablement des arbitraires. 



 Tant c’est banal, on comprend aisément ce que veut dire « il fait chaud » car on oppose instantanément ce qualifiant-vocable à son symétrique contraire, « il fait froid », et même s’il fait très chaud pour un Samoyède ou un Nenets qui m’accompagne lorsqu’il fait froid en plein hiver au cœur de l’Hexagone, passé le délai de cette visite inopinée durant laquelle je consens à relativiser  - chassez le naturel, il revient au galop -   je retournerai aussitôt vers l’absolue teneur de ma sensation, quand bien même encore, on m’expliquerait, moult détails réalistes à l’appui, que 45° à l’ombre représenteraient pour moi un hiver sibérien si j’avais l’opportunité de naviguer dans une atmosphère très dense en grande banlieue du Soleil.
J‘ai tout de même admis, du bout des lèvres, que l’idée de chaud et celle de froid sont des conventions.
Il en ira tout autrement et je me ferai des ennemis non seulement irréductibles mais pour certains, féroces ou haineux, si j’affirme que l’idée de Vie est elle-même une pure convention, et que, ce faisant, pour le démontrer, je commence par prendre la position strictement antithétique en désignant ce concept, ou la chose, comme s’il s’agissait d’un vrai principe.
Si j’indique que les extrêmophiles pérennisent la vie et prospèrent dans des conditions extrêmes du milieu, je reste en même temps interloqué, car l’observation minutieuse dans les moindres détails de ce phénomène bouscule mes idées reçues et ancrées à mon instinct de conservation, idées pourtant très solidement fondées et acquises de longue date par La Science En Personne. Cela est dû à mon extrême fascination pour Le Vivant et l’idée de Vie, fascination placée comme une relation inconsciente, indirecte et décalée avec le mystère de mon « propre être qui porte la vie » et de la sourde angoisse découlant des conséquences de mon éphéméréité, à savoir en fait, le problème intangible, non résolu, de la finitude.  
Cette extrême fascination pour l’idée de Vie se fait par opposition et au détriment du monde minéral , en apparence inerte, lui, et dont, brave illusion grotesque s’il en est, la frontière nous semble catégoriquement tranchée, monde en apparence inerte donc, sauf pour les innombrables spécialistes de ce règne, géologues, sismologues, vulcanologues, océanographes, glaciologues, etc… qui à force d’imprégnation de terrain et de contacts intimes avec « la matière inerte », la voient vivre et palpiter au sens fort des pulsations d’un coeur humain, cœur humain dont, pourtant, l’extraction par acte chirurgical hors de l’organisme et la séparation d’avec un sujet donné n’indique pas qu’il soit la « source » ou le «lieu vrai de la vie » pour ce même sujet. 
Pour tout un chacun, cette fascination irrationnelle est telle, que le réflexe premier des concepteurs de programmes spatiaux grave des signes, somme toute, cabalistiques sur les structures des Vaisseaux de l’Espace lancés à des distances défiant l’imagination, radicalement au-delà du sol martien ; ces messages sont les dérisoires symboles de notre forme de vie destinés à être éventuellement reçus par des intelligences sensées être capables d’y répondre.

Allègrement, embués d’ivresse par le miracle d’un phénomène extravagant qu’on découvre en direct sous nos yeux, nous enjambons donc inconsciemment les colossaux stades intermédiaires de l’évolution qui séparent l’Extrêmophile de l’Homme en tant qu’organisme vivant complexe nanti d’une individualité autonome et nous enchaînons instantanément l’Extrêmophile programmatique aux « capacités humaines », voire à son intelligence, alors qu’en nature ou par essence, très au-delà de la simple morphologie, très au-delà encore du simple aspect de l’organisation interne de la machinerie et en dépit d’une filiation apparente, la distance ou l’écart entre l’Extrêmophile et Homo-Erectus est infiniment plus grande que celle existant entre un milieu physique donné et ce même microorganisme qui lui est lié par un simple trait d’union, dans l’échange ou « la fusion symbiotique », pour, immédiatement, ne former qu’un ; symbiose en clic, de suite opérante.

En bref, si la Soit Disant Vie est capable de jaillir spontanément en étroite adéquation avec un milieu extrême, radioactif, anoxique, ou sans lumière par exemple, où des échanges sommaires se feraient, c’est que cette soit disant vie est elle-même extrême de rudiments, de simplicité « organique », de métabolisme, de consommation énergétique, de composition. A moins que nous soyons, a contrario dans les faits, en présence de l’extrême complexité déjà localisée dans ces échanges et de l’organisation elle-même de la soit disant vie, auquel cas la théorie de l’évolution des espèces, dont un terme de l’intitulé, celui « d’évolution » porte en lui-même l’idée de fascination par le génie d’une progressive complexité ou de panoramas en cours d’expansion grandiose (ceci quelle que soit la connotation sémantique qu’on voudra bien lui donner, à ce terme,), la théorie de l’évolution donc, est fausse, ce qui renforce encore notre thèse selon laquelle, l’idée de vie n’est elle-même qu’une simple convention, puisque la valeur de vérité des conditions de son modelage et de son remodelage comme processus évolutif, est fausse.


En clair, nous l’avons déjà dit, le monde de l’infiniment petit et de « l’infiniment élémentaire » associé aux enseignements de la Chimie Moléculaire et de la Biochimie nous apprend qu’il n’y a pas de frontière entre les molécules, entre ce qui relève de l’inerte et ce qui relève de l’animé, entre ce qui appartient à l’inorganique et ce qui appartient à l’organique. Il y a donc une Indétermination Fondamentale logée au cœur de l’Idée de Vie. 

L’idéologie contemporaine férocement dominante et contraignante persiste à croire que « la vie » est apparue, quelque part, ou même un peu partout, un jour, ou même tout le temps, dans le Cosmos, c’est-à-dire, en somme, que cette vie aurait été enfantée par la matière inerte sensée être infiniment plus répandue et première, primitive ou préexistante. Si, armée de ses présupposés totalitaires et douteux, cette Idéologie persiste dans ses enseignements fascisants, alors nous pouvons dire, sans crainte de nous tromper et armés de l’Indétermination Fondamentale ci-dessus évoquée, que l’Idée De Vie qui, comme en presque toute chose n’est pas une vraie réalité en soi, est plutôt   – et à moins que le Principe De Réalité lui-même ne se confonde avec celui d’Indétermination -   encore un arbitraire, n’est elle-même qu’une convention, les caractéristiques accrochées à cette idée transcendant la jonction d’avec le règne minéral.

Le jour où les découvertes scientifiques feront basculer la croyance, le jour où ces découvertes inverseront totalement les termes, où la collectivité des hommes se rendra compte que c’est l’animé qui engendre l’inerte, que « la vie est si nombreuse », première ou préexistante dans un Ether dont la matière elle-même est si diluée et éparse qu’elle se réduit à presque rien, le jour où la collectivité admettra qu’en s’éteignant par intermittence, épisodiquement selon l’alternative confondue dans la séquence vie-mort et reproduite sur le flux, cette vie est source de déchets exorbitants qu’elle laisse comme autant de traces fossiles pour en faire, ce qui est à l’origine de la presque rien matière cosmique - et en attendant que cette fiction devienne réalité-  ce jour-là, peut-être, tant le choc de la certitude ébranlée sera apocalyptique, ce jour-là , peut-être, il sera enfin permis d’affirmer, mais à la grosse décimale près, que l’Idée De Vie n’est plus une simple convention…  Car rien n’est de toute façon certain, sauf le Doute En Chair Et En Os, bien sûr, puisque la frontière entre l’animé et l’inerte reste définitivement aléatoire.



L’Agir est inutile.

L’Action, au sens déjà restreint d’agir   - puisqu’il faut là encore contenir la profuse polysémie du terme -  a-t-elle un sens autre que conventionnel ?

Notre civilisation technicienne, moderniste et consumériste a porté aux nues cette notion. Elle a élevé le principe qui s’y rattache ou s’y substitue, au rang de Nec Plus Ultra de tous les principes, elle a en fait le Graal par excellence, tant elle le considère comme indispensable et positif, comme l’absolue utilité pour l’humanité toute entière. Elle en a fait le vecteur incontournable du libre arbitre profane qu’elle considère comme foncièrement acquis et incontestable, par le médium de ce qu’elle nomme avec un brin d’adoration païenne, la main de l’homme autonome, habile en elle-même et dans son exclusivité, où la contingence, pas plus que la participation des forces occultes, telluriques ou cosmiques, n’ont de place, la main de cet Homo Habilis à peine transgressé donc, au présent, puisqu’il nous renvoie son image, main si miraculeusement habile, par la volonté magique de l’inexplicable outre-biotope, cette biosphère en mouvement.

Chacun connait depuis belle lurette, l’argument fétiche et mille fois rebattu selon lequel, l’Action est source de progrès ou de richesse, le fait de produire un effet par une activité volontaire et coordonnée devant être bénéfique car porteuse de résultat, visible et palpable, à la fois à l’échelon local, individuel ou familial pour améliorer le cadre de vie ponctuel, et à l’échelon plus collectif pour permettre les développements de la Cité ou de la société… 
Cette très forte et intense connotation de l’Idée d’Action au sens d’Agir, ne vise que le plan matériel ou presque chez nos contemporains. A quelques rares accents fugitifs et épisodiques de spiritualité près, l’homme moderne dont le profil exacerbé se nomme Homo Economicus, reste viscéralement persuadé que les bienfaits dont il attend tout, à la fois pour son équilibre psycho-somatique ou sa délivrance et pour permettre un sens à son existence, se placent sur le plan du confort matériel...  et s’il vous dit qu’il a d’autres aspirations plus sublimes que le confort matériel, il ment, même à son insu, car il est un utilitariste forcené, codé et préconçu se consacrant bien trop peu à ces autres choses plus aériennes ; il revient de façon réflexe en quasi continu, comme un pantin programmé, vers la consommation intensive de ce qui fait le confort matériel et les plaisirs de type utilitaire.

Mais chacun connait également depuis belle lurette, l’argument diamétralement antinomique selon lequel d’autres cultures ou même d’autres civilisations dont la matérialité et le matérialisme ne sont pas les soucis majeurs, ont fonctionné et prospéré durant des millénaires en privilégiant, pour l’essentiel, l’oisiveté entrecoupée d’activités très extensives et non rentables parce qu’à peine autosuffisantes dans leurs effets, l’attitude quasi-statique, contemplative, le recueillement ou l’apparence inerte dans l’attente d’un ailleurs prometteur et rédempteur contre la dureté, par exemple,  des conditions faites ici-bas à la femme corvéable à merci ; cultures qui ont prospéré en privilégiant l’apparence inerte comme l’imagination, l’activité intellectuelle, la pensée ou l’abstraction. On cite du tac au tac et encore très largement, l’Inde, malgré les isolats proliférant de technopoles qui la gangrènent depuis peu, mais combien d’autres peuples archaïques passés et présents ou de cultures dites résiduelles se réalisent sur ce même mode ou sur un schéma très voisin ? On les envie parfois et on les cite de plus en plus souvent comme exemples de sagesse, dans des cercles nettement plus larges que ceux occupés jusqu’alors par les seuls anthropologues ou ethnologues, même si l’instant d’après réunion on reprend sa casquette de manager, de fin limier d’une célèbre multinationale, même si sans transition on se précipite sur son portable pour donner des ordres gravement mercantiles…



Est-ce que, à travers les âges, les effets de l’Agir ont un réel impact positif sur le Monde Global ? Ou plus exactement, ces effets laissent-ils un solde positif sur le Monde Global une fois déduite la somme des effets des actions négatives ? 

Le Monde Global devrait nous intéresser infiniment plus que le Monde Local, nettement plus lié, celui-là, à notre individualisme exacerbé, à notre égoïsme chronique, à notre petit pré carré habituel et à notre tendance réflexe pour ressentir les choses ou les événements de façon folliculaire, immédiate, à ras du sol, là où l’émotion associée à l’instinct de jouissance pressante domine et submerge la raison.
 Or, c’est l’inverse qui se produit, l’altruisme devenant une denrée rare.
Le commun des mortels ne s’éternisera jamais dans les situations et les lieux où le Verbe s’étend, où l’Etude s’étire. Il choisira la plus courte voie, celle  qui occulte la Connaissance Abstraite, celle de l’apprentissage pratique et pragmatique au contact de la matière concrète, celle de la gestuelle claquante et mordante.
Madame Dubois se plaint à longueur de journée de l’inactivité de son mari, de sa mollesse endémique, de son inertie et de son apathie, de son manque d’assiduité à accomplir les tâches domestiques dont celles de faire le ménage du logis qu’elle lui a confié. Elle ne supporte pas de voir s’accumuler la poussière sur les meubles et le parquet de sa maison. En revanche, elle est aux anges devant son fils Didier très adroit manuellement,  à qui elle a confié le soin  - comme pour ne pas déroger à la pandémie, sous nos climats, du bricolage ménager -  de modeler et remodeler, monter, démonter, remonter, construire, déconstruire, reconstruire, aménager, déménager, réaménager, meubler, démeubler, remeubler, habiller, déshabiller, rhabiller, des pans entiers de son habitation où s’engouffre régulièrement tout son salaire pour contenir une frénétique et insatiable marotte, se donner une bonne raison de vivre, fût-elle dérisoire… La Pauvre !!!
Monsieur Dubois de son côté, passe quelques heures par jour à des écritures relatives à un Projet de Recherche Scientifique dont il est un électron libre, mais sans aboutir à une reconnaissance véritable. Madame Dubois pique régulièrement des colères contre son mari, assimilant ses écritures à des dentelles fantaisistes, « activité » insignifiante et sans intérêt, coquetterie réservée aux chochottes et belles âmes du coin, ne relevant pas de l’action concrète, décisive ou palpable et virile, comme le serait celle d’entreprendre le dépoussiérage, et dont l’effet, lui, est non seulement directement visible mais copieux par son résultat.
Madame Dubois pique régulièrement ses crises contre son mari jusqu’au jour où, fait rarissime et accidentel, celui-ci parvient à vendre ses travaux à un Institut de Recherche ; dès cet instant, Madame Dubois vire sa cuti, considérant l’activité très abstraite et pas suffisamment virile de son mari comme plus rentable et concrète que de faire la poussière dans sa maison…. entreprise qui finalement relèverait un peu plus du domaine féminin…
Madame Dubois a partiellement raison, mais partiellement seulement et localement seulement, de considérer l’accomplissement régulier des tâches ménagères de sa maison comme relevant de l’action positive ayant un réel sens utilitaire, voire indispensable. Si le couple Dubois et leur fils unique Didier, viennent à disparaître brutalement dans un accident de voiture, la maison restera définitivement les volets clos et accumulera quand même des volutes de poussière avant de tomber en ruine, comme, ce qui est advenu malgré la lenteur du délitement, au site Inca du Machupicchu. Les bâtisseurs de cette pauvre maison des Dubois auront agi, sué, et travaillé pour rien, finalement !
Rempailleuse de son métier et nomade de son état, en compagnie de son mari, Madame Zavatta se fiche comme d’une guigne de la question du ménage qu’elle a résolu à 90% (rien n’est absolument vrai à 100% sur cette terre et dans tout l’univers, sauf, peut-être, le Doute En Personne), puisqu’elle ne possède pas de maison ou de logement à poste fixe…

Bécassine, une amie de longue date avec laquelle j’entretiens d’excellentes relations mais que, pour tout l’or du monde, je n’aimerais pas avoir comme voisine, prend le parti de Madame Dubois. Elle a compris mon aversion pour le concret dont les vertus sont unanimement célébrées dans notre vieille Europe et l’Agir de type utilitaire à visée immédiate, bien grasse et palpable réservée aux légions de narines écartées dans le vent. Bécassine est terriblement conformiste dans sa chair et jusqu’au bout des ongles, elle se gargarise de poncifs, les choses convenues et collectivement radotées du matin au soir la rassurent parce qu’elles ont un goût de passe-muraille pour les petites truites frétillantes débordées de galipettes dans le bouillonnement du torrent.

Submergée, imprégnée jusqu’à la moëlle par l’ambiance de plus d’un demi siècle de leitmotiv égalitariste, Bécassine croit pouvoir rétablir la pointilleuse parité que j’aurais bafouée selon son estimation et réparer l’injure indirectement faite à Madame Dubois.  Pour tester ma pertinence, elle m’envoie donc une pique, à l’instant précis où j’enfourche ma voiture pour, accidentellement, aller me procurer un paquet de cigarettes au tabac de l’endroit, étant entendu que j’habite en pleine campagne à 2 km du village. Elle me dit que je suis dans la même situation de dépendance aux choses concrètes que Madame Dubois et que j’agis comme Monsieur Tout Le Monde, puisque je n’hésite pas à adopter une conduite très concrète et matérielle, et à déplacer mon véhicule pour un simple paquet de cigarettes. Je reste un instant perplexe devant cette puérile intervention, devant cet univers d’incompréhension qui nous sépare et je me dis d’instinct qu’il y aurait beaucoup plus d’empathie et de complicité entre une chinoise d’obédience confucéenne et moi, malgré l’obstacle de la langue, qu’il n’en existe entre mon amie Bécassine gravement terre-à-terre et moi. La veille celle-ci m’expliquait, moult palabres à l’appui, qu’elle n’aimait pas la pratique bien concrète de la plage et en particulier la séance d’une demi-heure de natation que ses copines lui imposent à chaque fois, mais qu’elle s’y rendait assez régulièrement pour organiser un pique-nique et faire plaisir à ses enfants. Manifestement, elle était sincère.
Je lui rétorque enfin :  je tente de lui montrer qu’elle fait de l’absolutisme à mon encontre et qu’à l’immense et radicale différence de Madame Dubois, je ne fais pas, moi, de l’action concrète une religion, une systématique comportementale, une doctrine de l’existence, ou un sacerdoce, encore moins une malicieuse jouissance de terrain en sous main durant chaque séquence, un hédonisme caché, de tous les instants, et qu’on peut parfaitement être en accord avec soi-même, par exemple ne pas aimer fondamentalement l’activité sportive concrète consistant à nager, à se rendre à la plage et cependant, y mettre les pieds de temps à autre, de façon légère, pour des raisons X ou Y . Concernant son objection à mon endroit, je lui indique par ailleurs, qu’elle ne peut pas m’assimiler à Monsieur Tout Le Monde dont elle défend le plein parti pris du concret et de l’activité, puisque parmi cette cohorte d’inconnus supposés ordinaires se trouvent ceux des individus qu’elle exécrerait de toute façon, précisément en vertu de leurs agissements concrets, de leur caractère ou de leur humeur, comme ceux des usagers qui, à la suite de travaux de rénovation déversent leurs gravats ou leurs encombrants vieux sommiers sur n’importe quel bord de chemin au lieu de se rendre à la décharge publique, comme ceux des maris qui battent régulièrement leur épouse, ou de ces mères de famille qui briment systématiquement leurs enfants par une éducation trop spartiate et moyenâgeuse. J’ajoute à son intention, qu’en d’autres circonstances encore, dans des contextes qu’elle suppose à tort différents et tranchés à cause de ces satanées Catégories de l’Entendement minant instinctivement son arrière-conscience, elle ne se confondrait pas elle-même à Madame Tout Le Monde : s’agissant par exemple, de défendre avec véhémence, bec et ongles, les reflets intimes de ce qu’elle ressent comme appartenant à sa personnalité infiniment originale, à savoir, ses choix d’habitat et les goûts de ses propres décorations d’intérieur obtenus grâce aux revenus bien mérités de son activité salariale concrète et obstinée… en plus de son talent.
En outre, je fais remarquer à Bécassine que si d’ordinaire elle relègue le discours parlé ou écrit au rang des « activités » futiles, complètement abstraites, sans attrait, sans retombée consistante, sans impact sur le vécu, (expression abstraite dont le monde de l’action concrète définissant par l’exclusive la véritable saveur ou consistance de l’existence, peut définitivement se passer), le jour où, par contre, sa meilleure amie psychologue lui prodigue une matinée de conseils éclairés sur la façon d’engager le dialogue et de régler les contentieux avec sa fille, adolescente difficile, ce jour-là, donc, comme par enchantement, conquise par les propos de son amie, elle bascule les rôles et les attributions, elle décerne sans encombre le titre de fonction très concrète au discours ; elle se met à vanter l’intervention bénie des Dieux de son amie tout en poussant un ouf de soulagement : « la parlotte » est subitement devenue une catégorie bien utile, elle se voit lestée de la densité interne d’un far breton.
 J’essaie en vain de lui faire comprendre, qu’il existe encore une gradation, une hiérarchie et une fréquence qui font qu’on se frotte de plus ou moins près ou avec plus ou moins de force ou de constance au concret ; mais que l’immense majorité des citoyens y consacre, en intensité et sur la durée, le plus clair sinon l’exclusivité de son temps, en y faisant farouchement corps, en y faisant souche par l’esprit et par l’attachement viscéral de surcroît ; outre çà, en entonnant l’apologie de ce divin concept.

Pour finir, peine perdue sans doute en surimpression, je tente de sensibiliser Bécassine au fait que, quoi que fassent certains de mes plus pugnaces détracteurs sur ce sujet précis pour tenter de me confondre à partir de contradictions qu’ils croient deviner en moi, et probablement encore, à partir du manque de sincérité qu’ils croient déceler chez moi à cause de la roublardise généralisée de notre époque qui leur fait croire qu’elle réside ici aussi, quoiqu’ils fassent donc, je serai toujours nettement plus crédible sur cette question que Madame ou Monsieur Tout Le Monde, puisqu’à la diamétrale différence de tous ces braves gens, je consacre de mon côté, et au grand dam de mon entourage immédiat, en moyenne plus de la moitié de mon calendrier journalier à des considérations abstraites, voire métaphysiques, en étant très retiré, hors du brouhaha, de la cohue ou de l’activité intense, parfois avec un certain zèle et un brin de provocation, contre peut-être une heure par trimestre consacrée chez eux à ces mêmes considérations ; ceci pendant que ledit Monsieur Tout Le Monde use le plus clair de son temps à s’agglutiner sur les parkings des grandes surfaces, saturant le paysage de files ininterrompues de chariots regorgeant de marchandises aux deux tiers inutiles ou superflues, ce qui, outre çà, me fait dire à Bécassine, qu’il y a une forte absurdité collective pour en arriver à se crever quotidiennement à la tâche contre un salaire durement mérité, mais aux deux tiers du poste consacré aux achats tous secteurs confondus, inutile finalement, puisqu’il est consacré dans les mêmes proportions à des dépenses inutiles… … C’est du reste un peu ce que les pays pauvres nous reprochent indirectement dans les instances internationales.


Visiblement, mon amie Bécassine est de façon irrémédiable inapte aux enseignements de la Philosophie. Elle n’en comprend ni le sens ni l’intérêt et elle est sincère. Ce n’est bien sûr pas de sa faute, le contexte idéologique de l’époque et du lieu sur une mappemonde, étant foncièrement défavorable, sinon hostile, à cette discipline, et ce ne sont pas les 8 jours de balbutiements, de petites bulles de savon distribuées en saupoudrage dans les seules classes terminales en guise d’enseignement, qui changeront la donne.

Bécassine est irrécupérable ; le schème de son Mind, est définitif, coulé dans le béton ; le stéréotype de son Mental est gravé pour l’éternité. Son ressenti est cantonné dans un box, formaté à l’extrême, elle ne peut fonctionner, penser et sentir que sur un mode grand public et selon le code restreint de Basil Bernstein.
Si je suis inapte au saut de tremplin à ski, je suis inapte quoi qu’on fasse ; il faut l’admettre, car on n’est pas là dans une modalité grand public. On ne peut pas demander à un hamster de se transformer en aigle, à première vue du moins.  

On peut multiplier à l’infini ces grouillants types d’exemples basiques. Le côté localement utilitaire et indispensable de l’Agir et de ses effets, est donc contrasté. Envers et contre toute logique du juste milieu, néanmoins, l’Action est, non seulement massivement reconnue en Occident mais partiellement ailleurs, comme bienfaitrice Localement, non seulement pour l’individu, pour soi et son propre équilibre, mais pour la collectivité de proximité à laquelle celui-ci appartient car il est fermement persuadé qu’il apporte sa pierre à un édifice commun et indestructible pour l’éternité.


En revanche, à l’échelle globale, le retentissement de l’Action est nettement moins incertain, mais le sens de la certitude n’est pas celui qu’on croit spontanément constater.

A l’échelle globale donc, le phénomène de l’action collective poursuivant des buts déterminés pour améliorer le cadre de vie, ne représente pas la somme des actions régionales individuelles, à chaque fois. Ce n’est pas un processus cumulatif, mais un processus substitutif. Une action en remplace à chaque fois une autre et la nouvelle action annule à peu près les effets de la précédente… Il s’agit là d’un processus infini de recomposition ou de remodelage « des chantiers » où que l’on soit sur terre.
Telle méga réalisation urbanistique, s’agissant d’un complexe de grands ensembles immobiliers de conception futuriste et parfaitement adaptée aux besoins ou « aux rêves » de certaines populations, à l’époque où elle voit le jour, sera abolie 20, 30 ou 50 ans plus tard à peine, par un dynamitage rayant de la carte les bâtiments s’y rapportant, car décrétée obsolète, ses critères ne répondant plus du tout  aux besoins et aux aspirations des habitants du moment.
Tel aménagement du réseau routier considéré comme génial à la date oméga sera complètement refondu à la date upsilon, quelques décennies plus tard, car jugé très dangereux et inadapté au trafic…  Il s’agit encore là d’un processus de reconsidération sans fin.
On peut multiplier à l’infini ces exemples, ils montrent clairement que, même sans parler d’un gâchis infernal, les bataillons ininterrompus d’ouvriers, d’ingénieurs ou d’architectes en tout genre ont à chaque fois, à chaque tranche d’âge et à chaque époque sué sang et eau pour rien, puisque tout ou presque est à recommencer à partir de zéro.
Imaginons la désillusion et l’accablement, génération après génération, de ceux dont l’amour propre et la fierté de se rendre utile par leur travail, voient de la sorte s’écrouler sous leurs yeux leur contribution à l‘édification de la société. On ne peut même pas dire qu’il reste les traces des expériences anciennes permettant d’enrichir les nouvelles, puisque immanquablement, les responsables et les décideurs disent eux-mêmes, à chaque fois, à chaque nouvelle étape de l’entreprise universelle : « qu’on est retombé dans les mêmes erreurs du passé ».

L’érosion due au temps n’est donc pas la seule responsable de ce perpétuel jeu du chat et de la souris entre la même pierre alternée, qui à peine édifiée redégringole au pied d’un chantier permanent placé sur le fil d’un horizon infini. Ce phénomène de l’action collective équivaut en fait à faire du surplace ininterrompu depuis la nuit des temps et jusqu’à la nuit des âges. Même très impressionnants, les pharaoniques projets architecturaux de Shangaï ou de Dubaï qui prolifèrent comme des champignons dans l’humus n’y changeront rien, a fortiori en regard de la galopante démographie mondiale, de ses quelque 7 milliards de bipèdes et de la grande invasion, la marée noire des favelas sur un plan planétaire, doublement noire, car elle est en elle-même aussi une catastrophe écologique.


Mais il y a nettement plus parlant à propos des vraies dimensions de l’Agir :
L’un des domaines les plus saillants où s’exerce, en tant que synergie des activités individuelles, l’action collective pour obtenir des résultats, est celui de la Science. C’est la foultitude additionnelle des actions individuelles qui, bien évidemment, anime ou fait défiler l’entreprise scientifique. Or, le mécanisme très schématique du processus scientifique indique que chaque découverte utile au progrès et prise isolément, engendre, à chaque fois, une nouvelle palette de conséquentes questions épineuses porteuses de solutions et de découvertes ultérieures, à venir, une fois résolues ces questions. Lorsque les découvertes s’accélèrent en étant de plus en plus nombreuses, à chaque instant, les questions cruciales, nouvelles, non résolues, mais porteuses de découvertes à venir afin d’engendrer le fameux progrès, fourmillent encore plus, dans le même laps de temps. Le champ de l’inconnu ou de « l’inconnaissable majeur » s’ouvre au lieu de se resserrer ; il est en expansion continue ; contrairement aux apparences et contre toute attente, l’on s’éloigne d’un terminal selon le schéma d’un presque entonnoir à l’écoulement inversé. Les découvertes de la Science posent donc plus de problèmes qu’elles n’en résolvent et les problèmes soulevés se rapportent à un pullulement de nuisances, d’insalubrités chroniques, d’asphyxies physiques de la Cité, de freins à sa qualité ou à son espace, sans même parler des conséquences dramatiques sur l’environnement planétaire, tel le réchauffement climatique, ou ailleurs encore, la faim, la maladie, les intoxications, l’épuisement des ressources tous continents et tous océans confondus, l’appauvrissement de la biodiversité.


Grand orchestrateur du processus scientifique dont la fin en soi semblait être le progrès décisif, l’Agir de l’Homme s’éloigne en fait de ses objectifs et de son but initial selon les termes d’une équation vertigineuse à la fois exponentielle et infinie par le nombre proliférant de ses inconnues.


L’impact et le résultat positif de l’Action sur le Monde Global sont donc bien ici synonymes d’une convention, puisque cet Agir n’est qu’un postulat en plus d’une phénoménale et colossale illusion de prisme et non une réalité vraie, de vraie, de vraie, réalité réaliste touchant à l’intime ou à l’ultime démystification, touchant à l’éradication de l’ultime griserie, à l’élimination de l’utopie chronique,   de cette narcose métastatique qu’est l’optimisme invétéré, béat et rémanent. 

Mais d’aucuns dont nous sommes, diront : laissons donc au brillantissime prédateur, au tortionnaire de la planète, sa foi inébranlable, ses narines écartées dans le vent, son endémique angélisme raffiné, son optimisme forcené, son auto-célébration de simplet qui tout en se défendant de l’être se croît Un Dieu Sur Terre, son éternelle bonne conscience, ses hymnes de pacotille à sa propre gloire de guide suprême, et le soin de croire encore qu’il ne s’autodétruit pas dès qu’il plante un clou…   …  Car il a besoin de çà, de cette hérédité là, pour espérer et donc justifier qu’il existe pour exister, puisqu’il ne sait au juste pourquoi il existe… … ce bourricot là, cet éminent savant ignorant des vraies dimensions au sujet desquelles sa programmation génétique pour l’Action reste silencieuse, probablement à cause du prédéterminisme universel auquel il est soumis à son insu et de la fantastique, faramineuse, phénoménale illusion des illusions qu’est le libre arbitre pour les bonnes décisions.

Sous nos latitudes associant le début d’une certaine contagion mondiale, le grand public a fait de l’Action, sinon une Philosophie, du moins une Pragmatique de l’oubli…

 Il est banal de rappeler que dans le cadre communautaire et laïc, l’Agir est, pour le citoyen lambda héritier du matérialisme marxisant, totalement dépossédé de surcroît, du plein sentiment religieux par une longue descente infernale vers l’idéologie consumériste, la société de surabondance et l’affairisme, une façon éminente d’échapper aux questions existentielles sources d’infinis tourments : lorsqu’on s’investit dans une tâche suffisamment prenante, on n’a pas le temps véritable de réfléchir en profondeur comme le faisaient les anciens, sur ce qui, autrement, vous imprégnerait trop, vous donnerait des insomnies ; considérations pour lesquelles, contrairement à ce qui prévaut au présent dans une société tribale, on n’est pas du tout préparé ; la fuite en avant est préférable.



En tant que Pragmatique De l’Oubli et objectif détourné, nantie de ses présupposés positifs, l’Action est ici une fois de plus une simple convention. L’Idée d’Action relève donc à minima d’une double convention.



Bien que leur support paraisse brutalement abstrait, les Mathématiques à leur tour ne sont que des conventions. Elles n’existent pas en tant que telles ou objectivement. Elles n’ont aucune réalité objective en dehors de nous, en dehors de ce qui se situe derrière la silhouette de notre enveloppe corporelle, c’est-à-dire leur cooptation par le langage lui-même dérivé de la Pensée. 
Je ne reconnais pas la formule arithmétique  1+1 = 2 ,  car je ne reconnais pas la projection que suggère l’abstraction sur laquelle elle est fondée depuis le Pithécanthrope, l’Australopithèque, voire nettement même, bien avant et qui, elle, est concrète.
En effet,  - n’est-ce pas Messieurs les inconditionnels partisans du concret pour le concret - « tout objet existant, naturel et concret, sensé avoir été appréhendé et déterminé une fois pour toutes »  ne peut avoir en vis-à-vis son exact pareil, son strictement identique, ne peut avoir son plus que clone en somme : une pomme ne sera jamais rigoureusement égale à une autre pomme de même variété, ni en poids, ni en volume, ni en forme, ni en densité, ni en texture, ni en couleur. Même 2 fourchettes sorties d’usine présenteront à l’ultra-grossissement une part de dissymétrie ou d’hétérogénéité.

L’égalité en guise d’opération arithmétique et comptable de  1+1 = 2   est fausse, sauf à l’imaginer vraie, mais à l’imaginer seulement, puisqu’elle ne peut se traduire sur ce qui est à l’origine visé par l’abstraction, à savoir le plan de la réalité concrète externe et pratique qui intéressait déjà nos très anciens prédécesseurs les primates ; la succession pour l’association, dissemblable et dissymétrique de la « première pomme » à la « seconde pomme » pour faire une addition de « deux pommes » est ici faussée : la répétition de l’unité n’est pas possible puisque l’unité qui s’ajoute au même de l’unité, à son autre miroir de soi, l’unité, l’unité qui s’additionne à son même, à son alter ego, l’unité qui se surenchérit de sa répétition, est illusoire  - ( 1+1 # 2, donc ) – comme est illusoire l’unité elle-même et en elle-même, comme est illusoire le chiffre 1 en isolé, le chiffre un dans sa totale abstraction embastillée, puisque celui-ci, est le strict équivalent de l’idée d’individu au sens de l’individualité elle-même, et qu’en amont, il vient d’être longuement démontré et désigné où réside le leurre occidental absolu de l’objet, du « un de l’objet », voire de l’objet-chose isolé, surdéterminé, localement densifié, cloisonné, éradiqué de son environnement naturel ou cosmique, leurre absolu donc qui par effet de dominos touche à son tour l’individu-sujet, « le un-sujet ».

Outre çà, cette formule mathématique de  1+1 = 2  est anti-scientifique, elle est par nature contre nature pour la démarche scientifique elle-même et illogique, elle constitue non seulement un hiatus profond et insurmontable, mais encore l’un des Paradoxes Les Plus Criants, dans la mesure où cette démarche consiste à rechercher la teneur, la nature ou les principes des objets qu’elle étudie et projette à distance, à les identifier concrètement par le médium des phénomènes physiques qu’elle s’invente en explicite, comme possible explication du monde, et qu’elle réinvente dans son sillage, et qui sont sensés suivre des lois mathématiques, mais jusqu’à un certain point seulement et pas plus que çà, puisque les théories qui encadrent ces phénomènes, de façon immuable s’opposent et se chassent successivement sur le fil d’un temps infini, outre çà, alors qu’elles ont intégré dans leurs schémas des fonctions ou des équations sur la base de calculs rigoureusement justes. C’est un peu comme si, un en-soi cherchait à découvrir un hors-soi par le biais du même en-soi… Cet en-soi ne pourrait que rester dans l’en-soi ou dans son propre lui-même. 

La Science ne recherche pas l’abstraction totale du monde sensible ; et ce faisant, en pleine contradiction elle se gargarise de formules mathématiques abstraites pour concrétiser, pour obtenir le résultat qu’elle vise à chaque fois dans son projet, à travers ses théories, ce qui se traduit dans un premier temps par les effets d’une Recherche Fondamentale, et dans un deuxième temps, par les retombées d’une Recherche Appliquée, les uns comme les autres sans cesse remis en question.


Les Mathématiques ne sont donc que des conventions. Les objets mathématiques n’existent pas sans nous ; ils ne sont qu’une « sécrétion cérébrale » et leur apparente universalité est due au fait que nous avons tous, pour l’essentiel, la même structure mentale.


Lorsqu’un bébé vient au monde, c’est avec une certaine gamme d’émotions coextensives, covalentes et coprésentes aux prémices du langage parlé que sont les gémissements, les cris, les bredouillements, or ces prémices sont en même temps ceux du raisonnement qui associe l’aptitude au calcul approximatif.
Le nourrisson est donc doté d’un « raisonnement embryonnaire-calcul-perceptif ». Car lorsqu’il voit le jour il possède, dans le cerveau des programmes génétiques et des capacités innées sous forme embryonnaire ou ayant pu se développer pendant la grossesse.
L’expérience prouve également que le bébé a la capacité de « quantifier le discret », autrement dit il est capable de « déceler la numérosité ».
Les capacités nécessaires au développement et à la production des mathématiques et non pas seulement pour les comprendre, sont donc innées ; l’acquisition permettant d’accéder aux raisonnements complexes se fait ensuite pour devenir prépondérante nettement plus tard.


Malgré leur côté abstrait, les Mathématiques Complexes sont une représentation formalisée des relations entre objets « matériels » et entre concepts. De ce qu’il conçoit intellectuellement et perçoit, l’esprit humain, par nature, sélectionne une espèce de « quintessence fortement architecturée » traduite dans un langage très codé, hyperformalisé, et comme le prouve par exemple la géométrie non euclidienne, cette quintessence vient à l’esprit avant que la réalité ne lui ait fourni la matière utile comme si celui-ci était une machine à imaginer les relations qu’il pourrait éventuellement percevoir dans son environnement. Les Mathématiques existent comme « sécrétion cérébrale » parce qu’elles jouent un rôle instinctif dans l’adaptation d’Homo Erectus à la réalité, cette réalité correspondant en fait à sa propre perception de ce qui est en dehors de lui, c’est-à-dire l’image mentale qu’il estime être proche de ce qui réellement l’enveloppe ou l’entoure. L’accès au monde n’étant pas directement possible mais seulement par l’intermédiaire des sens, (donc la réalité vraie est inatteignable).

La réalité d’Homo Erectus est, au même titre que les Mathématiques, une invention mentale.




La chose guerre n’est pas la chose guerre.

Au sens strict et restreint du terme, l’idée de guerre est une baliverne de plus. La guerre n’est en réalité pas la guerre ; ce qui se rattache à son évocation, à sa notion, n’est qu’une simplification abusive de langage, une commodité finalement ; le contenu de l’idée de guerre  encadré par ses œillères limitantes la localisant étroitement dans un enclos, se résume en fait à une convention.

Car en tant que lutte armée entre groupes sociaux et entre Etats, considérée comme un phénomène social et historique très localisé dans l’espace et dans le temps, l’idée de guerre n’a pas de sens. Cette définition n’est même pas assimilable à un fade succédané de ce qu’est en vérité la vraie guerre, ô combien atroce par son ampleur et les millions de victimes annuelles qu’elle fait, guerre généralisée en volume des ego communautaires à travers le prétexte identitaire permanent, cent mille fois réincarné, ressurgi ou réinvesti en ses innombrables autres-lui-même et diluant dans son escarcelle comme épiphénomène, le jalonnement des épisodes d’affrontement par les armes ; cette vraie dimension là qu’ici nous dédions à la notion de guerre est celle d’une ampleur exorbitante, loin d’être localisée spatialement et temporellement parlant.

En réalité, la guerre se situe à un méta niveau d’analyse, elle est une modulation, une fluctuation permanente de l’indéracinable rivalité entre les groupes humains pour une lutte à mort placée dans le concert des nations, puisque dans les faits, cette rivalité se traduit par des disettes chroniques, des famines ou des épidémies sur une vaste échelle touchant les plus faibles d’entre eux, ceci depuis que le monde est monde et sans qu’au présent, une sensible amélioration se dessine depuis plus de mille ans, dix mille ans, voire plus.

La guerre ne se situe pas seulement sur la dernière strate du mille-feuilles qualifiée de stade militaire, qui, à chaque fois, n’est en vérité qu’un sous-produit, un moyen, une modalité, une forme de bataille indissociable d’un processus infiniment plus vaste d’affrontement au gré du devenir global incluant d’autres très nombreuses formes de batailles, bataille spécifique donc, qui n’est que la face visible d’un impressionnant iceberg, somme toute.

Pour bien rendre compte de cette question et lui donner dans toute son envergure sa véritable dimension réaliste ou logique, on doit impérativement tenir compte de ce qui en amont transcende et couvre le simple « concept de départ qui dit   être guerre » en l’imprégnant d’un épais lien invisible capable de lui faire perdre toute sa substance, c’est-à-dire qu’on se doit de prendre en charge les mobiles et par-dessus eux comme tête de pont, les présupposés enveloppant les mobiles eux-mêmes, ceci et cela comme conduisant aux hostilités armées proprement dites, ou comme préambule inséparable du texte. 


Prenons l’exemple de ce qu’on a appelé les guerres d’Indochine, à savoir les deux conflits ininterrompus et contigus impliquant le Vietnam, le Laos et le Cambodge regroupés. Envisageons-les en tant que modulation et localement, en tant que courbe ondulée faite d’une itération régionale de l’Espace Physique, séquence envisagée comme une modulation très vaste couvrant la totalité de ce même espace physique.

Le déclencheur macroscopique du conflit a été l’exaspération, l’impatience, l’ulcération ultime de la doctrine marxiste pour mettre fin par la force, à défaut de pouvoir le faire autrement, à l’exploitation et à la domination de l’homme par l’homme, à l’asservissement des populations locales par le colonialisme issu d’un étranger lointain, d’abord français puis américain après l’effacement des français, l’implicite raison évoquée alors, étant que le système capitaliste d’organisation économique et de contrat social montrait un visage hideux soutenu par des cultures et des modes de vie lointains, monstrueusement inégalitaires et confinant à l’esclavage des autochtones. 
 Lorsque les troupes communistes du Général Giap, rustres et frustes mais très aguerries et déterminées jusqu’au sacrifice kamikase suprême, sont entrées dans l’ex-Saïgon, elles ont marqué le tournant supposé de la fin d’une partie d’échecs, de la fin d’un conflit avec les symboles de l’Occident, d’abord avec le Petit Roitelet Français, puis avec le Grand Satan Américain ;  l’Occident n’était plus l’Empereur Du Monde… croyait-on…
Quelques décennies à peine plus tard, à la va-vite, et selon quelques maigres aménagements de transition taillés à la hache, dans la foulée du grand « frère » à la patte d’ours peu commode et voisin chinois, ces pays du Sud-Est Asiatique avides comme le sont les pies de tout ce qui brille, et parfaitement à l’aise dans le caméléonesque mimétisme comportemental, basculaient soudainement, et sans formalité aucune, vers l’économie de marché.
Sarcasmes et ricanements sous cape du Grand Satan vous vous en doutez. 
Lorsque l’analyse et la synthèse ne se contentent pas de la pointe de leurs chaussures, lorsqu’elles se font très larges par la prise en compte d’un champ de grande envergure, elles voient bien que ce qui se gagne selon une simple tessiture d’un même registre, se perd ensuite selon une autre tessiture.


Le tout frais émoulu et très ombrageux orgueil national, le très pointilleux sens identitaire (au diable cette éternelle empreinte exacerbée et stupide de l’âme humaine), l’extrême susceptibilité nationaliste donc, de ces nouveaux régimes dictatoriaux s’appuyant inconditionnellement jusque là sur une économie planifiée inefficace, venaient de se faire harakiri, mortifiés de ne pouvoir se l’avouer, mortifiés de devoir l’avouer à la face du monde, en acceptant l’essentiel du modèle d’organisation occidentale qu’on était sensé leur proposer sous couvert d’une certaine rudesse ou brutalité incontestable associée au départ à un fort ethnocentrisme, et avant que les choses ne dégénèrent vers la soldatesque ; modèle d’organisation qu’ils venaient de rejeter de façon virulente quelques années plus tôt…   - Sans compter qu’une fumisterie est toujours là pour en remplacer une autre : communisme et capitalisme étant les 2 plus grandes idioties de tous les temps. Homo Erectus, présentement, manque toujours d’imagination pour trouver sans syncrétisme, un véritable nouveau modèle, une salvatrice troisième voie entière, intelligente et rédemptrice - .

 Ces nouveaux idéologues se trouvaient subitement enfermés dans le carcan de la « mondialisation orchestrée, ô divine surprise, par le leadership des Etats Unis d’Amérique et du Japon. La « guerre »,qu’ils venaient grâce à leur opiniâtre jusqu’auboutisme et à leur éminent raffinement extrême-oriental dans l’art des supplices corporels permettant les plus lentes agonies au monde, qu’ils venaient soi-disant de gagner sur un premier front, celui du feu contre les américains, grâce encore   - on l’oublie un peu vite -  au  renoncement définitif par ces derniers de recourir eux-mêmes à l’extrémisme, au jusqu’auboutisme devant déboucher selon leur version sur un génocide avec un usage d’ultime recours, l’utilisation de l’arme atomique, en clair, cette « guerre-là » était doublement perdue, car finalement située sur un tout nouvel autre front, venant à peine de s’embraser, derrière leur mea culpa consommé avec leur conversion de cocu et parce qu’il y a pour l’heure, le front de la guerre politico-économique en cours et guise de rebondissements surajoutés.

Or çà, à la férocité visible, sanguinolente et suffisamment consternante par ses conséquences monstrueusement dévastatrices de « la guerre par les armes », succède comme prolongement et sans interruption dans le temps, la toute aussi féroce sinon plus, mais moins apparente, guerre d’intérêt sans merci entre les Etats et les Nations dans les espaces interstitiels du soi-disant et dit temps de paix, leurs rivalités mettant habituellement en jeu un amour propre exacerbé et démesuré pour se hisser en force à la tête de la compétition pour la compétition, à la tête du mieux faisant, ou du mieux disant, de leur groupe identitaire, pour se hisser en force afin de devenir le leader, générant indirectement, au passage, sur le moyen terme du calendrier, des dizaines ou des centaines de milliers de morts invisibles liés à l’adoption à grande échelle d’un nouveau système de développement ou de répartition « des richesses », mais sans qu’il y ait au bout du compte de véritables gagnants à ce type de guerre là.


Dans la compétition économique planétaire en cours, placée sur le continuum du devenir permanent où les américains pour l’instant restent en tête, les trois pays à peine émergeants du Sud-Est Asiatique dont il s’agit ont eux, à ce moment présent dit oméga, perdu la partie   - perdu la guerre donc -   face au Grand Satan Américain, même si les caprices des phénomènes précisément aléatoires nous apprennent qu’aucune situation n’est figée, n’est immuable sur le long terme.
En clair, la bataille que le Vietnam, le Laos et le Cambodge ont apparemment gagnée sur le plan des armes, a été perdue sur le plan idéologique et politique, purement et simplement d’abord, quand bien même ces pays affirmaient avoir librement choisi et « inventé » un système hybride de gouvernance de la cité. Puis, dans un deuxième temps et après avoir changé de peau, une nouvelle bataille guettait ces mêmes pays, celle qu’oblige à cette heure-ci, l’orgueil identitaire, ethnique et culturel tapissant les véritables présupposés tapis derrière les mobiles apparents de chaque affrontement avec l’Ouest, cette fierté-là est engagée dans un nouveau round, loin d’être gagnée pour l’instant malgré des progrès spectaculaires mais localisés du niveau de vie.

La guerre  ne peut donc pas être la guerre telle que sa définition est envisagée par un dictionnaire, car les mobiles et leurs présupposés originels placés en tête de pont du conflit armé lambda se déplacent et se décalent perpétuellement pour se réapproprier de proche en proche leur espace de présence au fil du temps, et pouvoir se situer sur une autre touche du même clavier que la niaiserie gourdasse et balourde engoncée dans les catégories à œillères nomme pudiquement, par exemple, la compétition économique internationale, alors qu’il s’agit là, dans les faits, d’une véritable guerre sans merci, transversale, de tranchées sans tranchées, au couteau, au sabre, à la baïonnette, au canon, à l’explosif, au napalm. 

Ce qu’on désigne communément par l’appellation de guerre, n’est à vrai dire, à chaque fois qu’une bataille, ce qualificatif là marque mieux le territoire d’une étape momentanée placée dans un processus d’ensemble nettement plus vaste, faufilé et coordonné ; en somme, les pullulantes batailles momentanées sont placées sur le continuum de la Guerre Véritable ou Perpétuelle entre les peuples et les nations, mais que le Grand Larousse, Littré ou Robert ne peuvent reconnaître dans l’indissociation, à cause de leur nature même de hachoir à saucisson qui rend leurs propres contenus, indubitablement conventionnels et arbitraires par rapport à une réalité de consistance externe lestée de recul et placée sur le repère de l’horizon vrai.




Respectabilité et Talent sont de pures conventions.

En raison de l’extension hystérique qu’on a donné dans l’Hexagone, en moins de quarante ans, aux notions de Respectabilité et de Talent, les 2 idées que recouvrent ces définitions extrapolées ne sont que des Conventions qui ne correspondent à aucune consistance ou Réalité De Fond tangible malgré les apparences.

La Respectabilité est dans les moindres recoins partout présente par les tentacules de l’exaspération qu’elle revendique. Pour des raisons démagogiques, on s’en serait douté et parce que, pour faire des émules capables de rejoindre les rangs d’une cause socio-politique dont on est le fervent doctrinaire, c’est toujours gratifiant de flatter ce qu’on veut bien nommer avec un brin d’hypocrisie rentrée, Le Peuple, parce qu’aussi, la surenchère partisane entre les deux blocs de traditionnels corniauds formant la sempiternelle pseudo-alternative indexée sur la seule opposition binaire entre gauche et droite, a poussé jusqu’au paroxysme l’application de l’idée dite démocratique, (comme pour conjurer un idéal hors de portée dont on s’écarte à pas de géants après s’en être vaguement rapproché), pour toutes ces raisons donc, la classe politique toute entière, en tête de laquelle se situent sur ce thème les très actifs socialistes et leurs alliés atomisés au sein d’une nébuleuse aux intérêts passablement divergents, a imprégné les têtes de l’idée que les gens non respectables ne représentent qu’une décimale perdue dans la population totale, une infime fraction, une très infime minorité, passible celle-là des tribunaux. 

Cette propagande politique a été fortement relayée, d’abord par le monde journalistique, puis par l’univers judiciaire. 

Cet état de fait a pris des proportions telles que vous ne pouvez plus ouvrir la bouche pour stigmatiser les comportements déviants d’autrui, a fortiori si vous êtes le citoyen lambda au civisme irréprochable, autrement dit le quidam du coin.
Par exemple, si tout en vous conformant par atavisme à l’art de l’entière politesse et de la neutralité de ton précisément respectueuse, un jour, sous forme d’une simple allusion à fleuret moucheté restée pourtant sans effet, vous vous êtes adressé à votre voisin de palier pour lui demander d’avoir l’amabilité de baisser le niveau sonore de son poste de télévision ostensiblement réglé comme un haut-parleur de foire, celui-ci n’étant pas spécialement un phénix en matière de politesse corrélant le raffinement, la pudeur, et la discrétion, car on peut imaginer que ces qualités n’ont jamais figuré au programme de son éducation privilégiant d’autres palmarès chargés d’agapes folichonnes, tout juste peut-on penser qu’il sait dire le très pavlovien « b’jour », ceci étant donc, et parce que votre expérience vous a appris que la vulgarité de notre époque est partout présente sous nos climats, vous ne pouvez plus vous adresser à lui, la semaine suivante, pour lui demander, de façon un peu plus formelle, véhémente mais polie, de vouloir bien, comme amabilité envers la cohabitation, baisser le son de son fameux poste qui crache, toutes vitres ouvertes, ses ondes de tue-tête en libre service ; vous ne pouvez pas non plus lui demander de faire taire, fût-ce par la mesure de contrainte habituelle du port d’un collier anti-aboiements qu’il rechigne à appliquer, les incessants et irrépressibles jappements « vers qui dirait vaguement sorte caniche » de son étrange et vicieux molosse préféré à qui on ne peut pas reprocher le manque de dressage n’étant autre qu’une éducation, puisqu’il provient, hélas, d’un maître qui n’est pas irréprochable…
Car, sitôt votre malheureuse démarche entreprise et du tac au tac, votre voisin vous rétorque, une volée d’invectives à l’appui, que vous l’agressez. Sa susceptibilité à fleur de peau ne supporte pas la moindre objection, la moindre critique d’autrui à son endroit, car à force de calendriers étalés sur trois générations on lui a indirectement inculqué par propagande égalitariste et hymne à la jouissance potentate ou pachydermique devant donner libre cours aux émotions reines, qu’elle entraverait sa sacro-sainte liberté de manœuvre et ses précieux droits de vivre comme bon lui semble, précisément au nom du « tous pareils », entendez par là il va sans dire, le droit de roter et de péter à la cantonade… …
L’individualisme exacerbé associé à la forme de sociabilité uniquement axée sur le fun l’ont complètement désocialisé. 
Cette attitude de mon voisin est bien sûr terriblement consternante dans la mesure où l’objection, la remarque dont vous êtes porteur n’a pour but que de remettre en selle la respectabilité un moment égarée, de celui-ci, et que, en toute autre circonstance, vous acceptez vous-même la réciprocité d’un rappel à l’ordre voulu par autrui devant votre propre égarement toujours possible.
Fonctionnant en synergie avec la nouvelle marotte consistant à porter plainte au moindre éternuement de votre vis-à-vis, ce phénomène d’une pointilleuse respectabilité à tout crin, à tout prix et à n’importe quel prix, phénomène pour lequel on se montre très sourcilleux au nom de la réciprocité aux forceps dont est redevable le précepte égalitaire, où pas un cheveu ne doit dépasser de la toise alignant le sommet des casquettes, ce phénomène donc, se retrouve avec une connotation encore plus exacerbée chez les acteurs de l’Institution Judiciaire, acteurs qui du coup, finissent à la longue par se décrédibiliser et se déjuger, puisque toute bonne intention initiale lorsqu’elle est appliquée selon des protocoles systématiques formant l’œillère de l’extrême routine, se retourne un jour sur elle-même et contre elle-même.


Prenons l’exemple d’un procès qu’en relation avec une succession litigieuse, l’un des cohéritiers vous aurait intenté… puis perdu ensuite.
Même si dicté par l’appât féroce du gain, la mauvaise foi systématique, les allégations mensongères, la malhonnêteté intellectuelle de votre adversaire et copartageant  est lourdement avérée, quand bien même de surcroît, il aurait fourni au tribunal toute une série de fausses pièces à conviction et de fausses factures, même si sa roublardise est consommée,   - mais probablement parce qu’elle vient confirmer la tendance générale de la Divine Epoque faite de menteurs et de tricheurs, de magouilleurs de tout poil dont c’est le sport favori de l’être dans la vie -    vous ne pouvez plus comme autrefois, devant un jury de tribunal, traiter votre contradicteur de margoulin, de fieffé fumiste, de maquignon, encore moins de salopard, alors que ces termes figurent noir sur blanc dans un dictionnaire. Vous ne pouvez donc plus dire qu’une énigme de chat est une énigme de chat.

On voit bien là et en de plus en plus de lieux investissant l’espace ailleurs, poindre une régression, une atteinte à la liberté d’expression dont nous prétendions être naguère, les chantres planétaires. Cette régression collective a comme explication d’être cooptée en amont par l’affaiblissement des valeurs et de la morale elle-même coextensive de la montée en puissance, tous secteurs confondus, de l’affairisme lié à l’argent par définition. 

Ces termes donc, sont bannis de l’ambiance par votre avocat terrorisé de devoir affronter les membres d’un tribunal risquant de le mettre à l’index pour défaut d’un lissage huilé de sa peau, car ces Messieurs n’aiment pas les rugosités ; signe lamentable, décidément, encore et toujours de notre époque sous nos climats, les tribunaux, pour les affaires courantes, nous le savons bien, sont extrêmement sourcilleux sur les protocoles, les procédures, sur la forme et la lettre des affaires, beaucoup moins sur le fond des litiges qui les intéresse à peine ; sans doute est-ce parce que leur membres appartiennent à une caste dont les prérogatives sont parfaitement codifiées et perpétuées, sans doute est-ce parce que leurs membres ont eux-mêmes la hantise de voir leur autorité et le confort qu’elle procure remise en cause, la hantise d’assister au déclin inéluctable de leurs exorbitants pouvoirs liés à leur magistère et dont les sentences, une fois sur deux sont pleinement justifiées, mais une fois sur deux aussi, confinent à l’arbitraire d’un pouvoir de droit divin…  … verdicts hautement contestables donc, parce qu’ils ne s’imprègnent pas des dossiers courants qu’ils survolent et bouclent à la hâte ; l’excuse récurrente pour indiquer que la justice est mal rendue, étant de pointer du doigt le manque de moyens pour une Institution inefficace, au bord de la banqueroute à force de dérives successives.  
Mais s’étonnera-t-on outre mesure de la déchéance de cette Institution-ci, alors que ses consoeurs sont toutes, sans exception, bien malades, en pleine voie de régression, de dégénérescence et au bord de la faillite… sic… sic… sic.



Le Pamphlet, a fortiori est suspect, il est trépassé de mode. Il y a belle lurette qu’il n’a plus son impact transversal dans le corps social… … 
Ce qui partout prévaut, c’est l’hédonisme débridé et le chacun pour soi, sa propre petite jouissance chérie à soi et sans entrave, où l’on fait sienne l’imbécile rengaine de : « Elle est pas belle, la vie ?? », ses propres petits droits précieusement comptabilisés jusqu’à 6 chiffres après la virgule, mais, comme de bonne mesure, sans les devoirs assortis pour lesquels on est amnésique, les louanges à la précocité, au jeunisme, à l’individualisme égocentrique avec leur corollaire de bon ton que sont au sens large, la silhouette élancée, les préceptes libertaires, et suprême bénédiction de l’idéal collectif, l’incitation à gagner sans vergogne du fric pour pouvoir se couvrir de paillettes… sans souci aucun, de son prochain… de sa probable fragilité.

Beau programme en vérité pour une civilisation de cristal qui inéluctablement court à sa perte, la spirale de la décadence    - même si ce mot est hautement tabou -    étant déjà fortement amorcée… tous domaines sans exception confondus… … culturel, linguistique, militaire, budgétaire, scientifique, éducatif ou économique inclus. Car le processus en question dépasse amplement le stade du déclin.


S’en étonnera-t-on , alors qu’en réaction à l’autoritarisme puritain de Grand-Papa figé dans un conservatisme de plomb, l’idéologie dominante dont il s’agit a atteint son apogée après avoir été orchestrée, vantée sans restriction et martelée, pilonnée au mortier plutôt, durant toutes les décennies post-soixante-huitardes par les intellos auxquels ont emboîté le pas les décideurs politico-médiatiques, voire dans le sillage de ces derniers, les responsables économiques.



L’imbécilité n’a pas de limites. 
Un excès entraîne invariablement l’excès symétriquement inverse ; sauf d’un point de vue fictif, le perpétuel jeu de balancier ne connaît jamais de limite et jamais le point d’équilibre ; celui-ci reste à tout jamais virtuel.

Massivement, dans les proportions de  10 contre 1,  nos contemporains pensent que la nature humaine est foncièrement bonne, bien faite, et qu’elle est accessoirement mauvaise ; nous sommes de ceux, infime minorité s’il en est, qui pensent le diamétral contraire. Qu’au nom de la tolérance et de l’acceptation de notre extrême différence, on nous laisse notre croyance ultra-minoritaire  ! ! !  Les minorités ne doivent-elles pas être protégées dans un Etat de Droit ?

Mais l’hystérie qui s’est emparée de la notion de Respectabilité est aujourd’hui l’histoire de l’arroseur arrosé. Elle se retourne pour l’heure   - c’est de bonne guerre -   contre ses auteurs, ceux dont la filiation, issue de l’une ou l’autre de ces  2  infimes nuances d’un même système que sont la droite ou la gauche française démentant, au passage dans les faits, la croyance en le pluralisme démocratique véritable. 
Comme aboutissement momentané de toute une série récente d’exemples confirmant le même constat, l’illustration la plus parfaite en est le bras de fer judiciaire qui s’annonce haut en couleur entre le Président De La République et l’ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, Dominique De Villepin, dans l’affaire Clearstream, pour un mot, un adjectif, un simple mot qui déchaîne les passions (tempête dans un verre d’eau) du microcosme parisien, celui de « coupables » prononcé par Nicolas Sarkozy.
Nous en sommes donc à la « guerre des mots et des ego » entre deux crocodiles nostalgiques du Nil, pour savoir lequel de ces deux « illustres personnages réincarnés » est respectable et lequel ne l’est pas… … Pauvre France ! ! ! ... … à court d’un radical modèle de remplacement pour ses enfants ! ! … à court d’un génie, d’un promoteur pour un modèle à vocation universelle.

 On peut multiplier à l’infini les exemples proches de ce type ; ils indiquent que le phénomène est en pleine expansion, que l’Idée De Respectabilité n’est pour finir, qu’une Convention synonyme d’un Arbitraire pur et dur.   


Mais il y a plus, car le terme de Respectabilité est inconditionnellement indexé sur le Modèle De Société pour édulcorer sous l’emprise du principe de relativité, la prétendue véracité qu’il suggère.

Si à l’opposé de ce qui prévaut dans une société de structure tribale, le modèle est par exemple le capitalisme associant le libéralisme, qu’on le veuille ou non et quelles que soient les extrêmes et très savantes contorsions dialectiques des détenteurs de la puissance d’argent pour justifier la chose, l’Idée De Respectabilité sera indexée sur l’Idée D’Enrichissement Personnel Par L’Argent, puisque la société en question encourage ce principe comme contrepartie, rôle compensatoire ou équivalent du mérite attaché aux résultats liés aux lourdes responsabilités (économiques par exemple), sous couvert ensuite, pour les relances du système, de retombées bénéfiques de proche en proche à travers le tissu social et à distance pour tous les acteurs, y compris les plus modestes du corps social, retombées décroissantes et foncièrement inégalitaires, anti-démocratiques au sens strict et vrai du terme, au fur et à mesure qu’on descend dans l’échelle sociale.

L’idée d’enrichissement, dès lors, n’est pas synonyme d’infraction, encore moins équivalente à un délit. Il n’y a que les modalités de l’enrichissement qui éventuellement peuvent ne pas être conformes à la loi ou aux textes de loi. Or, quand bien même certaines de ces modalités ne seraient pas conformes aux textes législatifs, elles sont en permanence déjouées par des mécanismes de dérivation et de déviation que permettent, avec le maquis inextricable des textes, avec des contre-réglementations, des astuces réservées aux fins limiers, aux véloces intrigants de la finance ou des affaires, pour ne citer qu’eux, car les petits malins ne sont pas tous regroupés sous le panache de la même austère étiquette.


Que vaut donc, dans une structure et organisation collective que tout oppose au système tribal, et où la démesure de l’aisance personnelle moyenne par rapport à la frugalité d’existence personnelle qu’on observe au sein dudit système clanique, une Respectabilité Officielle Institutionnalisée et formatée de la sorte, même encadrée de façon rigoureuse par des textes législatifs ? ? ?

N’y a-t-il pas finalement une hiérarchie naturelle transcendant les statuts disparates de chaque nation, qui grosso modo ferait que le S.D.F. basique d’une grande métropole européenne serait plus crédible ou respectable que le  chasseur-cueilleur Bochiman du Kalahari, le Danis d’Irian Jaya, le Koroé de Papouasie Occidentale, le Yanomani ou le Yaminahua d’Amazonie, respectivement brésilienne et péruvienne, ou le pasteur Himba semi-nomade du Kaokoland, qui lui-même serait nettement plus crédible ou respectable que l’ouvrier sinon l’employé français devenu un petit potentat, lui-même plus respectable que le PDG d’une moyenne entreprise, à son tour plus respectable que celui d’une grande entreprise, d’un haut fonctionnaire, d’un célèbre journaliste, d’un chanteur confirmé, d’un secrétaire d’état ou d’un habile joueur de foot, ces cinq ou six derniers personnages n’étant, somme toute, pas respectables du tout ? ? ?

Que vaut donc l’idéologie progressiste à nette inflexion socialiste confondant dans son giron le fourre-tout gauche-droite, selon laquelle la Respectabilité de chacun est partout présente, à la très rare et très transitoire exception près, sachant que même les plus grands criminels assassins ou violeurs ont droit aux égards, ont droit à « des jeune homme ou des monsieur » gros comme le bras en lieu et place du traditionnel « individu ou délinquant », qu’ils sont vantés et réhabilités, incités à écrire des livres derrière les barreaux de leur cellule et sont ensuite célébrés comme des Dieux avec le soutien actif d’une partie des élites politico-journalistiques à la recherche de sensationnalisme débridé ? ?   Que vaut cette idéologie localement contradictoire de surcroît, puisque à l’occasion et pour réactiver sa bonne conscience, elle sait remettre en selle sa dénonciation d’éminent psittacidé, son refrain stéréotypé, son couplet de mise au pilori des seules grandes fortunes ?  

Pour les mêmes raisons démagogiques ayant poussé les élites nationales à chanter sur tous les claviers l’hymne de la respectabilité pour tous, en toute circonstance et en continu, à la décimale près, les élus des petites agglomérations rurales ont à leur échelon, et par mimétisme comportemental depuis les années cinquante, flatté la respectabilité à tout va de tous leurs administrés, sans distinction et en toute occasion à la virgule près. C’est un procédé universel bien commode relevant de la grosse et bien grasse démagogie dont tout le monde ou presque s’accommode volontiers lorsque ce n’est pas pour l’approuver avec force et massivement, procédé de bien grasse démagogie qui semble aller de soi, s’effectue sous couvert de diplomatie au rabais, car cette dernière, en admettant qu’elle ait un rôle à jouer ne règle rien par ce prisme sur le long terme, au contraire, mais elle permet de ne pas faire de vagues, sur l’heure et dans l’heure et d’acheter la paix sociale, cette si précieuse denrée chargée en retour de nourrir les cœurs pour que ces chers élus soient consensuellement, ensuite inscrits au tableau d’honneur des bons apôtres ad dubitum, la postérité en prime, l’album de la grande famille avec… 
Plutôt que fouettez, flattez cocher, il en restera toujours quelque chose !!

L’Idée De Respectabilité est devenue un Artefact tant le conventionnalisme synonyme de formalisme en a étendu son champ d’action en sus du fait que son formatage sous notre petite latitude géographique n’a pas valeur d’adhésion universelle, en n’importe quel lieu, à travers tous les continents. 



Au même titre que celui de Respectabilité, le concept de Talent est, lui aussi et pour les mêmes raisons démagogiques, dans les moindres recoins de « l’entreprise humaine », partout présent, évoqué, ardemment sollicité par la méthode Coué, à telle enseigne que non seulement l’art de l’artiste est descendu chez l’artisan, mais que le moindre geste anodin du paria, le moindre souffle de l’oisif total, la moindre trace de sa buée sur un carreau de céramique devient une « œuvre » d’artiste. Le petit fonctionnaire de service a du talent bien sûr, la malheureuse concierge de circonstance ou le gardien de prison aussi ; la bonne preuve en est la formule consacrée en usage chez le coordinateur de tel ou tel projet à vocation publique ou privée qui claironne : « on a besoin de Tous Les Talents ! » ; le même coordinateur disait autrefois : « on a besoin de toutes les compétences »… La différence entre ces 2 formules passe-partout réside dans son niveau de connotation, dans son intensité de coloration : il est bien sûr nettement plus gratifiant pour l’anonyme et très terne pékin du coin de se voir affublé du qualificatif de citoyen talentueux, l’absence de talent n’étant pas tout à fait une tare, alors que l’absence de compétence, elle, est carrément péjorative pour ne pas dire infâmante… 
Or, si le talent est partout Mon Cher Watson, c’est qu’il est nulle part, puisqu’en étendant ses pseudopodes de pieuvre insatiable, il se vulgarise et qu’en se vulgarisant il tue ce qui jusque là faisait sa relative rareté.

Poussé de la sorte jusqu’à son paroxysme, le principe égalitaire ayant emprunté ses étoiles et son bâton au maréchal égalitariste, une fois passé le délai d’une ou deux générations, il se retourne contre ses auteurs et contre lui-même, la Nature ayant horreur du vide. Car, une fois bien ancrée dans l’habitus individuel ou collectif (tous talentueux), une fois gravée dans la banalité par la massification qu’on lui a imprimée, cette qualité uniformisante ne fera plus recette, l’originalité et le besoin de se démarquer du plus grand nombre par l’affirmation d’une distinction particulière reprenant ses droits comme caractéristique clé de la Nature Humaine, réinvestissant, par d’autres moyens toujours plus élaborés et plaqués en surimpression des anciens, l’espace élitiste perdu par l’Idée de Talent.
Le processus n’est pas fondamentalement différent du très démagogique et très gauchiste principe de : « toute une classe d’âge au niveau du  Baccalauréat ! », « toute une classe d’âge au niveau de la Maîtrise ! », « des diplômes équivalents pour tout le monde ! »…   … La sélection par le bas et la dévaluation globale des études en Faculté pour ne citer qu’elles, en sont à présent les conséquences visibles immédiates nettement plus préjudiciables que ne l’était l’ancienne, très imparfaite et très injuste sélection par le haut... sic… sic… sic…


Décidément, l’Idée De Talent, est elle aussi affiliée à l’Idée De Convention, elle est, ni plus ni moins, devenue une idée convenue, toute faite, artificielle à cause de l’extension exorbitante de la notion. A force d’usage inconsidéré, son grain de voix a pâli, a gauchi jusqu’à la moelle.



L'exacerbation elle-même des conventions conduit directement au conformisme, au formalisme, au formatage. On est là dans la dimension la plus rigide des catégories.



                                                                            Guy Paradoxe 





                                                                                                                     Achevé en 2009





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